Alep est une des plus vieilles villes du monde encore habitées. Alors qu’en décembre dernier, sa reprise par le régime syrien s’est faite dans le sang et le feu, le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA) est parvenu à sauver le contenu de l’une des plus précieuses banques de semences du monde, située à 30 km au sud d’Alep. Chaque centre de l’ICARDA a sa spécificité. Le site d’Alep se concentrait sur la préservation et la protection des cultures dans les régions les plus sèches, principalement dans des pays en développement. Des milliers d’échantillons contenaient l’héritage des prémices de l’agriculture dans le Croissant Fertile. Certaines de ces semences ont 10 000 ans et nourrissent encore des milliers de personnes à travers le monde. Si elles avaient été détruites, nous aurions perdu des ressources génétiques inestimables choyées durant des centaines, voire des milliers d’années. Les chercheurs du centre ont réussi à exporter 140 000 échantillons hors du pays, soit 87 % de la collection de la banque. « Le centre était occupé par des forces armées, mais certains de ces hommes étaient agriculteurs et ils avaient déjà reçu des semences de notre part. Ils connaissaient la valeur de ce centre et ils savaient que nous étions apolitiques et que nous n’avions rien à voir avec le gouvernement », a expliqué le docteur Mahmoud Solh, directeur de l’ICARDA. Les semences ont ainsi été transférées vers d’autres centres au Liban et en Turquie, avec l’aide de l’université américaine du Liban et du directeur général de la recherche agricole de Turquie. Bien que les premières cultures que le monde ait jamais connues soient nées en Syrie, les récents conflits ont gravement altéré l’héritage historique du pays. Le futur centre ICARDA ne sera donc hélas pas installé en Syrie. Source : Nature