Vous avez l’impression de vivre dans un monde de fous, où vérité et mensonge s’entremêlent dangereusement ? Vous avez peut-être raison. Une récente série d’études psychologiques a découvert que notre cerveau avait une capacité profonde à ignorer les faits. Nous considérons généralement que les faits qui nous aident à appréhender le monde sont basés sur la vérité. Pourtant, une étude publiée en 2015 dans la revue spécialisée Journal of Experimental Psychology révèle que ce n’est peut-être pas le cas. Lorsque nous cherchons à savoir ce qui est vrai, la répétition pèse parfois plus lourd dans la balance que la connaissance véritable. L’étude se déroulait en deux parties. Durant la première, les participants devaient lire une série d’affirmations, dont la moitié étaient fausses et l’autre vraies. Ils devaient les classer par ordre d’intérêt. Dans une seconde partie, les participants devaient classer une autre série d’affirmations – dont certaines venaient de la première partie – selon la probabilité qu’elles soient vraies. Les chercheurs ont découvert que les participants avaient tendance à dire que les affirmations répétées avaient de bonnes chances d’êtres vraies, la deuxième fois qu’ils les voyaient, même en sachant que l’affirmation était fausse. Plus récent et plus dingue : il semblerait que la répétition ait un effet encore plus prononcé quand une personne sait que ce qu’elle dit est faux. Dans une autre étude publiée en septembre 2016 dans le journal Nature Neuroscience, les chercheurs ont équipé les participants d’un instrument analysant leur cerveau pendant qu’ils jouaient à un jeu où ils pouvaient utiliser la tromperie. Les neuroscientifiques cherchaient des pics dans l’activité de certaines parties du cerveau indiquant l’émotion, un signe fort qu’une personne ment. Les participants ont admis avoir menti pour pouvoir progresser dans le jeu, et les chercheurs ont remarqué que plus ils mentaient, plus les pics devenaient faibles. Ces découvertes pourraient corroborer la théorie que le mensonge est une pente savonneuse : de petits mensonges en entraînent de plus gros, et il n’est pas évident que le cerveau puisse faire la différence. En bref, notre cerveau s’adapte très bien aux mensonges, pour peu qu’ils soient répétés suffisamment et avec conviction. Les résultats de ces études invitent à la prudence à l’ère connectée, où il n’est pas rare de voir des informations répétées aux quatre coins de la Toile, par de multiples sources et sur de multiples plateformes. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles sont vraies, même si notre cerveau peut incliner à le penser. Sources : Journal of Experimental Psychology/Nature Neuroscience