Et si les nations terrestres se partageaient la Lune, afin de pouvoir ensuite revendre ou louer leurs parts respectives entre elles ? Ceci dans le but de relancer l’économie terrestre. C’est l’idée saugrenue que défend l’économiste Rebecca Lowe, du King’s College London, dans son article « droits de propriété sur la Lune » publié par l’Institut Adam Smith (ASI) le 10 février.
Si l’idée a suscité des moqueries, Rebecca Lowe la défend avec conviction. Compte tenu de la multiplication des voyages dans l’espace, l’économiste estime que la commercialisation de celui-ci n’est que la suite logique d’un processus qui serait déjà lancé. Plus encore, la vente de biens et de territoires lunaires constituerait selon elle un formidable moteur pour stimuler l’économie mondiale. Cette idée s’inscrit donc à l’encontre du Traité sur l’espace extra-atmosphérique des Nations unies de 1967, qui interdit aujourd’hui encore aux pays de revendiquer une propriété quelconque dans l’espace. Elle propose pour sa part un partage territorial de la Lune.
Lowe imagine un système de mise en marché de chaque parcelle lunaire, qui impliquerait selon elle « des appels d’offres, des systèmes d’actionnariat, d’autres mécanismes de marché, des loteries ou divers types d’allocations déterminées par l’État ». L’ensemble serait selon elle en mesure de stimuler l’économie internationale ou même de relancer une économie nationale défaillante. Ce dont doutent nombre de commentateurs. « Le cerveau d’un économiste est une maladie dévastatrice », a ainsi tweeté la défenseuse des droits humains Ellen, From Now On.
Le modèle proposé par Lowe touche ses limites lorsque vient la question de la répartition des territoires entre les nations. Il n’est effectivement pas difficile d’imaginer que cela entraînerait des conflits au sein de la communauté internationale, déjà constituée comme elle le reconnaît de nations individuelles « en concurrence les unes avec les autres pour des parcelles de la Lune ». Reposant donc sur un partage difficilement égalitaire et apaisé, l’efficacité (et l’utilité ?) d’un tel modèle reste à donc confirmer… Malgré tout, il souligne la fragilité du Traité sur l’espace extra-atmosphérique à l’heure où les intérêts privés convergent de plus en plus vers notre satellite naturel.
Source : Adam Smith Institute