Il y a un an, plus de 200 registres de données provenant du séquençage génétique des premiers cas de Covid-19 survenus à Wuhan ont disparu sans explication d’une base de données scientifiques en ligne. En scannant les données conservées sur Google Cloud, un chercheur américain vient d’en retrouver 13, révélait le New York Times le 23 juin. Elles pourraient fournir des informations précieuses sur l’origine du virus.
D’après les résultats de l’analyse publiés par Jesse Bloom, virologue au Fred Hutchinson Cancer Research Center de Seattle, il semblerait que plusieurs coronavirus pourraient avoir circulé à Wuhan avant les « premiers » foyers infectieux liés aux marchés de viandes et de fruits de mer de la ville du Hubei, en décembre 2019. Si l’étude ne vient ni appuyer, ni réfuter l’hypothèse selon laquelle l’agent pathogène pourrait s’être échappé de l’Institut de virologie de Wuhan, le fait que ces séquences aient été mystérieusement supprimées fait naître des suspicions.
« Il est probable que ces séquences aient été supprimées pour cacher leur existence », estime Bloom dans son étude, qui n’a pas encore été évaluée par des pairs ni publiée dans une revue scientifique. Les séquences d’échantillons de gènes viraux contiennent des informations cruciales sur la façon dont le SARS-CoV-2 est passé d’un autre animal – probablement une chauve-souris – à l’humain. Et les séquences les plus précieuses sont naturellement celles du début de la pandémie, car elles rapprochent les scientifiques de l’événement initial.
Il y avait au départ 241 séquences génétiques collectées par des scientifiques de l’université de Wuhan dans la base de données consultée par Jesse Bloom en mars 2020, hébergée sur la Sequence Read Archive. Lorsqu’il s’est décidé à les examiner au début du mois, elles affichaient toutes le message « aucun élément trouvé ». Les données indiquaient toutefois qu’elles avaient été réalisées par le Dr Aisi Fu et son équipe de l’hôpital Renmin de Wuhan.
D’après l’analyse comparative des 13 séquences restantes effectuées par Jesse Bloom, il semblerait que les échantillons du virus issus du marché au fruits de mer de Wuhan comportent trois mutations supplémentaires absentes des séquences qu’il a analysées. Selon lui, cela signifie qu’elles sont « trois fois plus proches des coronavirus de la chauve-souris que des virus transmis sur le marché », et donc potentiellement antérieures au virus transmis sur le marché. Selon le scientifique, tout porte à croire que notre vision de ce qui s’est réellement passé à Wuhan est « quelque peu biaisée » du fait des données présentées.
D’autres scientifiques vont maintenant passer au crible les données récoltées par le virologue américain pour faire la lumière sur cette affaire. De son côté, Bloom va tout mettre en œuvre pour retrouver les autres séquences effacées.
Source : The New York Times