La société de biotech britannique Oxitec a lancé hier son projet pilote en Floride. Le but de l’expérimentation est d’éradiquer une espèce de moustiques responsable de la transmission de maladies graves. Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques vont relâcher au total un milliard de moustiques génétiquement modifiés dans la nature, rapportait Vice le 29 avril.
Pour l’instant, le projet se concentre sur l’archipel des Keys, en Floride. Au cours des 12 prochaines semaines, les chercheur.euse.s prévoient de libérer 144 000 moustiques mâles dans six endroits différents. Ces derniers sont plus spécifiquement des Aedes aegypti, une espèce susceptible de transmettre la dengue, le virus Zika et la fièvre jaune. Mais seules les femelles de cette espèce piquent, et donc infectent leur proies.
Les mâles ont donc étés génétiquement modifiés afin de réduire la population de moustiques. Pour cela, ils disposent d’un gène qui empêche leur descendance femelle d’atteindre l’âge adulte, et donc de se reproduire. Mais cette première expérimentation sur le terrain soulève de nombreuses questions.
« Il n’y a aucun moyen de prévoir ce qui se passera si nous lâchons ces moustiques », s’inquiète Mara Daly, une résidente de la région qui suit le projet depuis des années. « Et s’ils devenaient plus forts ? Et s’ils devenaient plus meurtriers ? Et si les choses ne se déroulent pas comme prévu ? Ne devrions-nous pas être absolument certains d’être aussi sûrs que possible ? » D’autant plus que pour Barry Wray, le directeur exécutif de la coalition environnementale de Florida Keys : « Cette technologie n’a pas été correctement étudiée par des scientifiques indépendants. »
Les habitants de la région font part de leurs craintes d’être utilisés comme des « cobayes ». Oxitec a pourtant déjà mené des expériences similaires au Brésil et aux îles Caïmans. Et d’après la société anglaise, c’est un franc succès. Au bout de 13 semaines, près de 95 % de la population de moustique ciblée avait disparu. Pourtant, les craintes concernant l’évolution des mutations au sein de la population cible sont toujours présentes. Mais l’éclosion des moustiques modifiés est prévue pour le début du mois de mai, et rien ne pourra l’empêcher.
Source : Vice