Les traces d’un lac géant baptisé « Camp Century Basin » ont été découverts sous le Groenland, enfouis profondément sous la calotte glaciaire du nord-ouest de l’île. Vieux de plusieurs millions d’années, ce lac secret a été identifié grâce aux observations de la mission Operation IceBridge de la NASA, qui scrute les régions polaires depuis les cieux, nous apprenait The Earth Institute de l’université de Columbia le 10 novembre.
Ce lac aurait une superficie d’environ 7 100 km2 et aurait contenu environ 580 km3 d’eau. Il était alimenté par un réseau d’au moins 18 ruisseaux anciens qui s’y déversaient autrefois. Aujourd’hui, cet ancien bassin est rempli de roches mesurant jusqu’à 1,2 km d’épaisseur, elles-mêmes recouvertes par 1,8 km de glace.
Bien qu’il n’y ait aucun moyen de savoir aujourd’hui à quel point ce lac est ancien, les scientifiques de l’Earth Institute estiment, dans une étude parue dans la revue Earth and Planetary Science Letters, qu’ils pourront tirer de précieuses informations de la roche présente à l’intérieur du lac. Elles représentent en effet une capsule temporelle géante de sédiments qui pourrait leur donner des informations sur l’environnement du Groenland d’il y a plusieurs millions d’années.
« Il pourrait s’agir d’un vaste dépôt d’informations, dans un paysage actuellement totalement caché et inaccessible », a déclaré Guy Paxman, géophysicien glaciaire de l’université de Columbia et auteur principal de l’étude. « Si nous pouvions atteindre ces sédiments, ils pourraient nous dire quand la glace s’est formée. »
Cet immense lac caché est un phénomène que les scientifiques n’avaient jamais vu auparavant dans cette partie du monde. Même s’ils savent que le Groenland recèle encore de nombreux mystères sous son couvercle gelé, alors qu’il perd sa masse à un rythme alarmant. Tous les secrets contenus dans ces roches profondément enfouies pourraient nous renseigner sur l’état du changement climatique polaire dans l’Antiquité, et nous donner des informations vitales pour interpréter ce qui se passe dans le monde actuel.
Source : The Earth Institute