Pour comprendre d’où vient notre attrait pour les vampires, il faut faire un grand bond dans le passé. Le Vampire, Philip Burne-Jones, 1897 Nous voici donc en Serbie, au début du XVIIIe siècle – en 1725 précisément. Dans le village pauvre de Kisiljevo, un vieux paysan du nom de Peter Plogojowitz trouve la mort. Dix semaines après son décès, sa femme le voit frapper à sa porte pour lui demander ses chaussures. Les jours suivant cette réapparition, huit villageois disparaissent d’une mort brutale. On soupçonne Plogojowitz et, bien sûr, on décide d’ouvrir sa tombe. Elle révèle que le corps de l’homme ne s’est pas décomposé, ce qui, dans la tradition orthodoxe, équivaut à une manifestation démoniaque. Sans compter que du sang dégouline de sa bouche – du sang qui ne pouvait être que celui des dernières victimes du village. Il n’en faut pas plus aux habitants de Kisiljevo pour enfoncer un pieu dans le cœur du défunt, comme le préconise le folklore balkanique face aux morts-vivants. Le geste met fin aux morts inexpliquées. On considère aujourd’hui que c’est suite à cet événement qu’apparaît pour la première fois le mot « vampire ». L’inhumation précipitée, Antoine Wiertz, 1854 Mais la région n’en a pas fini avec les vampires. Non loin du village de Kisiljevo se situe Medwegya où Arnold Paole, un autre vampire célèbre, serait revenu d’entre les morts. De son vivant, ce bandit de grand chemin se vantait d’avoir survécu à la morsure d’un vampire turc et d’avoir évité l’infection. Mais à sa mort, il aurait bu le sang de près de la moitié des habitants de son village, tuant deux douzaines d’entre eux. Il a connu le même sort que Peter Plogojowitz. Ces histoires ont déclenché une vague d’épouvante à travers l’Europe. L’historien Gábor Klaniczay présume que cet attrait pour les vampires s’explique du fait que les sorcières, qui occupait jusqu’ici toute l’Europe médiévale avec leurs terribles bûchers, avaient perdu de leur intérêt. L’acteur Bela Lugosi dans le rôle de Dracula en 1931 Au XVIIIe siècle, les vampires sont donc devenus les nouveaux êtres surnaturels à la mode, les plus effrayants et les plus dignes de considération. Du Dracula de Bram Stoker au Twilight de Stephenie Meyer, il semble que rien n’ait beaucoup changé près de 300 ans plus tard. Source : Gábor Klaniczay L’histoire véritable et sanglante de la comtesse Bathory. ↓