Un boss de la mafia turque fait scandale dans son pays depuis qu’il s’est lancé sur YouTube. Dans ses vidéos, Sedat Peker dénonce la corruption du gouvernement et accuse également certaines personnalités de meurtre, de trafic de drogue et de corruption, rapportait Vice le 24 mai.
Avec deux vidéos d’une heure par semaine, les compteurs de la chaîne YouTube de Sedat Peker s’affolent et chacune engendre des millions de vues. Dans celle-ci, le criminel se met en scène assis derrière son bureau. Face caméra, il décrit sans filtre les liens présumés entre certains représentants du gouvernement et la pègre. Sa cible préférée est Süleyman Soylu, actuel ministre de l’Intérieur et membre du parti d’extrême droite AKP. Ce dernier aurait notamment averti Peker des mouvements de la police, lui permettant de fuir la Turquie pour Dubaï sans être arrêté.
Mais son accusation la plus sérieuse va à l’encontre de Tolga Ağar, fils d’un ancien ministre et lui aussi membre de l’AKP. Ce dernier aurait violé et assassiné la journaliste kazakhe Yeldana Kaharman en 2019, d’après le mafieux. Kaharman avait été retrouvée morte à la résidence d’Ağar, en mars 2019, et sa mort avait été qualifiée de suicide. Pour Peker, il s’agit bien évidemment d’une dissimulation, mais les responsables refusent d’ouvrir une enquête sur ces allégations.
« C’est presque comme une série TV pour beaucoup d’entre nous, je pense », confie Canan Özkan, un étudiant turc interrogé par Vice qui a regardé toutes les vidéos de Peker. « Je suis sûr qu’il y a beaucoup de choses inventées dans le tas, mais je ne pense pas que vous puissiez tout rejeter aussi facilement… »
Sedat Peker a commencé sa nouvelle série de vidéos incendiaires le 2 mai, et tandis qu’il en est au « chapitre 8 », chacune compte entre 3 et 16 millions de vues. Quelques jours auparavant, les autorités avaient arrêté cinquante membres de son organisation criminelle. Depuis, Peker s’est attaqué à de nombreuses personnalités politiques turques, mais pas encore au président Erdoğan, qui est à la tête du parti d’extrême droite.
Que ses histoires soient véridiques ou non, elles ont déjà un fort impact sur la popularité du gouvernement auprès des jeunes Turcs.
Source : Vice