Crédits : Eli Duke On dirait le début d’une énigme : Au pôle Sud, deux boules de cristal donnent des informations infailliblement exactes, non pas à propos du futur mais à propos du passé. Il n’y a aucune astuce là-dedans, il s’agit juste de météorologie. Ces deux sphères en verre placées sur le toit de la base antarctique Amundsen-Scott sont des héliographes de Campbell-Stokes, des orbes qui capturent la lumière du soleil pour mesurer l’ensoleillement de l’endroit. Les premiers héliographes virent le jour aux environs de 1850, grâce à l’auteur écossais John Francis Campbell. Allez savoir pourquoi, Campbell décida un jour de mettre entre parenthèses sa passion pour les contes et légendes celtiques afin de satisfaire son désir de quantifier la lumière du soleil. Comme il l’expliqua 25 ans plus tard : « J’avais l’intuition de la nature et du pouvoir de la lumière du soleil. Je voulais inventer quelque chose pour enregistrer et mesurer son effet, comme un baromètre mesure l’air et un thermomètre la chaleur. » Crédits : Iain Farrell Grâce à son invention, Campbell put alors déterminer précisément la course du soleil ainsi que l’intensité de sa lumière durant toute la journée. Il avait commencé par utiliser un verre ardent, une grande lentille convexe permettant de concentrer les rayons du soleil sur une petite surface, mais il eut bientôt l’idée d’une sphère en verre. Bien que les caractéristiques optiques de la sphère ne soient pas aussi bonnes que celles d’une lentille, elle en assure malgré tout les fonctions avec l’avantage de ne pas avoir d’orientation privilégiée. Tandis que le soleil suit sa course dans le ciel durant la journée, la lumière traçait une ligne ardente sur la courbe de bois qui l’enveloppait. Le Stokes du nom vient du physicien et mathématicien anglais Sir George Gabriel Stokes, qui eut en 1879 l’idée lumineuse d’une carte remplaçable faite de papier épais. Ainsi, l’instrument ne brûlait plus directement le bois et les mesures étaient plus aisément observables et ordonnables. Il a de même changé la coupe de bois par une coupe en métal. Les héliographes de Campbell-Stokes sont encore utilisés aujourd’hui, notamment dans les observatoires du Massachusetts et de Hong Kong. Mais les plus impressionnants se trouvent à la base antarctique, où ils se retrouvent dos à dos. Durant l’hiver, ils n’enregistrent rien puisqu’il fait noir toute la journée. Mais l’été, quand le soleil ne se couche pas pendant six mois, la lumière flambe à travers les deux boules de cristal. Crédits : Akulovz Source : Base antarctique Amundsen-Scott Au quotidien, c’est difficile à encaisser. ↓