Crédits : Reuters Bien que ses travaux soient terminés depuis deux ans, les Athéniens n’ont jamais pu mettre les pieds dans le musée d’art contemporain de la ville, une situation qui symbolise le marasme dans lequel est plongé le pays depuis des années. Même par mauvais temps à Athènes, les couloirs du musée de l’Acropole sont pleins à craquer. Les touristes défilent par groupes resserrés dans les couloirs de la construction monumentale pensée par l’architecte suisse Bernard Tschumi et le Grec Michael Photiadis. L’étage offre une vue imprenable sur la ville vieille de plus de 2 400 ans : on y voit le Parthénon entouré de grues d’un côté et de l’autre les toits des immeubles d’Athènes. On jurerait que l’un d’eux nous regarde avec envie. C’est le musée national d’art contemporain de la ville. Après six années d’austérité, de colère, de chômage, en un mot de crise, les couloirs du musée restent désespérément vides, il n’y a rien à y voir. « C’est la tragédie grecque habituelle », explique Yiannis Livas, 48 ans, qui a regardé le musée prendre forme depuis l’entrée de sa papeterie au cours des huit dernières années, mais n’a jamais vu ses portes s’ouvrir. « Ils n’ont pas l’argent pour payer une équipe, ils n’ont pas l’argent pour employer des gardiens… Donc on attend. » Attendre, c’est ce que font les commerçants qui ont fleuri tout autour du musée dans l’espoir qu’il attire des hordes de touristes à qui vendre des souvenirs ou de quoi se restaurer. Les contribuables grecs et européens ont payé 34 millions d’euros en 11 ans pour les travaux de rénovation qui ont pris fin en février 2014. Deux mois plus tard, la fondation Stavros Niarchos – l’un des plus grands organismes philanthropiques au monde – a accordé une subvention de trois millions d’euros au musée pour engager des gens et mettre les touches finales avant l’ouverture. Mais en novembre 2015, la fondation est revenue sur sa décision pour des décisions techniques. Depuis, le musée est dans les limbes. L’année prochaine, Athènes accueillera la documenta, l’une des plus grandes expositions d’art contemporain qui se tient tous les cinq ans à Cassel, en Allemagne. Cette année, le thème de l’expo est « Apprendre d’Athènes » et elle se tiendra simultanément dans les deux villes. L’ennui ? Athènes n’a pour l’instant pas d’endroit où l’accueillir. L’ironie de la situation n’a pas échappé au ministre de la Culture Aristides Baltas, qui a déclaré en février dernier qu’il était confiant dans le fait que la fondation reviendrait sur sa décision et qu’elle accorderait à nouveau sa subvention au musée. Pour l’heure, les Grecs attendent. Hélas, ils ont l’habitude. Source : Reuters Road trip dans une Grèce au bord de l’explosion. ↓