Pour la toute première fois, des scientifiques ont manipulé de l’antimatière à l’aide d’un laser spécialisé. Cette nouvelle technique, détaillée dans la revue Nature, permettra aux scientifiques de tester des hypothèses fondamentales sur la composition du réel, rapportait Vice le 31 mars.
Jusqu’à présent, on ne sait que très peu de choses de l’antimatière. On pense que ses particules sont identiques à celles qui composent la matière ordinaire, sauf qu’elles portent la charge exactement opposée. Reste qu’elle est extrêmement dure à repérer.
Dès qu’une particule et son antiparticule se heurtent, elles s’annihilent en laissant une simple trace d’énergie résiduelle. Des décennies de recherches et de collaboration internationale ont donc été nécessaires pour mieux cerner l’antimatière. C’était l’ambition du projet Antihydrogen Laser Physics Apparatus (ALPHA), développé à l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), à Genève.
À l’aide d’un laser spécialisé, les scientifiques sont parvenus à ralentir les particules d’antihydrogène en les refroidissant à des températures proches du zéro absolu. Sous cette forme froide et ralentie, la lumière laser peut même influencer l’antihydrogène. Cela signifie que l’antimatière peut être contrôlée et déplacée avec une précision sans précédent, permettant aux chercheurs de faire de nouvelles observations sur ses propriétés et son comportement étranges.
« Je travaille dans ce domaine de la physique de l’antimatière depuis plus de 20 ans et refroidir l’antimatière avec un laser est vraiment l’un de mes rêves depuis longtemps », a déclaré Makoto Fujiwara, chercheur au laboratoire TRIUMF de l’Université de Colombie-Britannique et porte-parole d’ALPHA-Canada. « Mais je suis encore plus enthousiasmé par les opportunités que cela ouvre », lesquelles opportunités étaient selon lui « impensables auparavant ».
À ce stade, l’équipe ALPHA prévoit de continuer à améliorer la technique afin de tester les lois fondamentales, selon lesquelles l’antimatière est identique à la matière, à l’exception de sa charge. S’ils trouvent d’autres écarts dans les particules d’antihydrogène, cela pourrait suggérer l’existence d’une physique nouvelle, et remettre en cause le modèle standard très largement accepté.
Source : Vice