Tout n’est pas noir en Italie. Si l’horizon s’est assombri avec l’épidémie de coronavirus (Covid-19), les mesures de confinement prises pour juguler sa propagation ont éclairci le ciel et les canaux de Venise. Parce qu’ils ne sortent plus, les habitants ont arrêté de faire cracher leurs voitures et leurs bateaux, ce qui a eu pour effet de réduire la pollution dans l’air et dans l’eau.
Mais quand ils concluent que le virus est bon pour le climat, « les gens doivent se calmer un peu », rétorque le scientifique américain Gavin Schmidt dans un article de Vice paru jeudi 19 mars. « La plupart des polluants de courte durée qui ont faibli sont associés aux transports », poursuit ce membre du NASA Goddard Institute for Space Studies. « Mais l’électricité n’a pas disparu, internet est toujours fortement utilisé et la production d’électricité représente un tiers des émissions de dioxyde de carbone. »
Par un jeu de vases communicants, les personnes confinées ont cessé d’émettre du CO2 dehors pour en rejeter à la maison. « Nous utilisons beaucoup d’énergie chez nous actuellement », constate le scientifique Max Zhang, chargé de recherches à la Cornell University. « J’observe un transfert du secteur commercial au résidentiel. »
A new animation showing the variation of nitrogen dioxide emissions over #China (Dec-March) – thanks to @CopernicusEU #Sentinel5P data.
Sentinel-5P currently provides the most accurate measurements of NO2 and other trace gases from space.
ℹ️https://t.co/Gn9mvSnIu6 pic.twitter.com/nDLrboKnXG— ESA Earth Observation (@ESA_EO) March 19, 2020
Au reste, ce n’est pas parce que les transports ont diminué leur empreinte que l’atmosphère est dégagé. « C’est comme une baignoire », compare Gavin Schmidt. « Plus vous ajoutez des choses, plus ça se rempli », et le fait d’ouvrir légèrement la valve n’y change pas grand chose. Par exemple, si nos émissions passaient de 10 gigatonnes de CO2 en 2019 à 8 gigatonnes en 2020, ce serait toujours 6 de trop, sachant que la Terre ne peut en absorber que 2 par année.
Paradoxalement, la chute de la quantité d’aérosols dans l’air qui s’est produite ces derniers jours est susceptible d’engendrer une augmentation des températures. Tout en améliorant la qualité de l’air, cela va enlever une barrière aux rayons du Soleil et donc augmenter les températures. On le voit, le processus de dérèglement climatique à l’oeuvre est complexe. Aussi est-il malaisé de prédire les effets du confinement.
Il est toutefois permis d’espérer que, quand nous sortirons de notre quarantaine, nous pourrons voir à quoi ressemble véritablement un environnement peu pollué. Et peut-être y prendrons nous alors goût.
Source : Vice