Un prêtre en pleine séance d’exorcisme — Crédits : Reuters L’industrie de l’exorcisme connaît un essor « inimaginable » au Royaume-Uni, et ce n’est pas une bonne nouvelle. C’est la conclusion d’une étude du think tank chrétien Theos sur le rapport des différentes églises chrétiennes en Angleterre à la santé mentale, cité par le Guardian début juillet. Il semblerait que la demande se soit accrue partout dans le pays pour expurger les citoyens en difficulté des « démons » qui les possèdent. « Les exorcismes sont une industrie en plein boom au Royaume-Uni », affirme l’auteur de l’étude Ben Ryan. Il semblerait qu’à Londres, au-delà des pratiques proposées par l’Église d’Angleterre (non moins problématiques), « on trouve des flyers et des stickers partout » qui font de la réclame pour des prêtres exorcistes, dont certains exercent simplement par Internet. Le problème, résume le journal anglais, c’est que la vaste majorité des gens ayant été exorcisés ont en réalité besoin d’une aide médicale. Le rapport de Theos demande que soit faite une analyse « de la scène bourgeonnante de l’exorcisme en Grande-Bretagne, pour déterminer (…) ses possibles conséquences négatives ». L’inquiétude du think tank est d’autant plus vive que l’Église d’Angleterre, indépendante de la papauté, est elle-même le théâtre d’une recrudescence de cette pratique. Interviewé par le Guardian, Ben Ryan déplore que « de plus en plus de chrétiens abordent les problèmes de santé mentale sous un angle exclusivement spirituel ». Ainsi, les prêtres recommanderaient plus volontiers de traiter la dépression par la prière plutôt que de quêter de l’aide auprès de professionnels de santé. Dans les cas les plus graves, un exorcisme est préconisé pour extraire le mal du sujet. Cet assentiment de l’Église d’Angleterre a conduit à de nombreuses vocations spontanées. Des exorcistes indépendants opèrent maintenant aux quatre coins du pays, qui « délivreraient » les malades d’une « emprise démoniaque » après une séance d’exorcisme parfois effectuée à distance. Mais une fois délivrées, les personnes qui suivaient un traitement médical sont enclines à l’interrompre brutalement sur les conseils du praticien, ce qui peut s’avérer dangereux dans le cas de troubles psychiques. Source : The Guardian