Rien ne prédisposait Meyer Lansky à une carrière de mafieux. Issu d’une famille juive, il se fait remarquer tout jeune par Lucky Luciano, considéré comme le criminel le plus influent de l’histoire – Capo di tutti capi (le chef de tous les chefs). Ensemble, ils développent dans les années 1920 un partenariat entre mafias juives et italiennes à New York. En pleine prohibition, ils font fortune dans le trafic d’alcool et prennent le contrôle de la ville pour créer le Syndicat du crime. Meyer Lansky photographié par les services fédéraux après une de ses nombreuses arrestations Mais en 1933, le gouvernement américain met fin à la Prohibition. Les réseaux mafieux perdent alors leur principale source de revenus et les activités se diversifient : prostitution, jeux de hasard, racket de protection, mais surtout casinos. De Cuba à Londres en passant par Amsterdam, Lansky est impliqué dans la gestion de nombreux établissements. L’argent coule toujours à flot, mais comment rester discret ? En 1932, Al Capone finit derrière les barreaux à Chicago, incapable de justifier sa richesse à la justice et coupable de fraude fiscale. C’est le déclic pour Lansky, qui comprend que la clé, pour justifier les gains générés par ses activités illicites, se trouve dans le blanchiment d’argent. Son génie aura été d’avoir su impliquer l’argent de la mafia dans des entreprises légales (boîtes de nuit, immobilier, hôtels, grande distribution, etc.) et même jusque dans certaines institutions financières. Alors peu régulées, l’argent de la mafia transite par ces services financiers et rentre légalement dans le système. Lucky Luciano et Meyer Lansky au centre, en 1932 Ces systèmes de blanchiment deviendront des crimes fédéraux sous Ronald Reagan en 1986. Mais Meyer Lansky aura avant cela grandement contribué à l’opacité financière de la mafia. Après sa mort en 1983, le FBI ne trouvera jamais aucune trace des 300 millions de dollars auxquels on estimait sa fortune. Lansky est resté si prudent dans ses activités jusqu’au bout qu’il ne léguera presque rien à sa famille, la plupart de ses avoirs étant dissimulés sous de fausses identités. Meyer Lansky aura échappé à la prison toute sa vie Aujourd’hui encore, les truands de grande envergure s’inspirent de ses trouvailles pour camoufler les revenus juteux de leurs activités criminelles. Mais aucun d’entre y aura mieux réussi que Lansky. Le gangster Willie Bioff avait mis les patrons des studios à genoux. ↓