La vie de Timothy Leary avait débuté plutôt normalement. Il commence sa carrière de psychologue dans les années 1950, lorsqu’il obtient son doctorat à l’université de Berkeley en Californie. Il suit ensuite un parcours académique exemplaire et devient conférencier en psychologie à l’université d’Harvard. Mais en 1960, sa vie prend un tournant radicalement différent. Crédit : Flickr Au cours de ses vacances au Mexique, Leary consomme des champignons hallucinogènes qui contiennent de la psilocybine. De retour aux États-Unis, il s’associe avec avec Richard Alpert et Ralph Metzner pour mener des études sur les effets de cet ester et du LSD. Ils cherchent à prouver que l’usage contrôlé de ces hallucinogènes peut apporter beaucoup de bienfaits aux consommateurs. Renvoyés d’Harvard, les scientifiques poursuivent leurs recherches à New York, dans un manoir de Millbrook. Crédit : cowbird Alors l’adversaire de Reagan aux élections californiennes, Timothy Leary est incarcéré en 1970 pour possession de drogues. Nixon parle de lui comme de « l’homme le plus dangereux des États-Unis ». Il reste emprisonné plusieurs mois avant que la Weather Underground Organization n’organise son évasion et sa fuite vers l’Algérie. Là-bas, il rejoint le membre des Black Panthers Eldridge Cleaver. « L’Algérie était une terre d’accueil pour bon nombre de libertaires en exil », raconte l’archiviste Michael Horowitz. Timothy Leary écrit lui-même : « J’ai fui en Algérie en 1970 avec l’idée folle que Cleaver et le président algérien Boumédiène prévoyaient de parrainer une coalition générale pour la libération d’exilés politiques américains », dans son livre Somewhere in Federal Custody (1975). Finalement, la relation entre les deux hommes ne se déroule pas aussi bien que prévu. Timothy et sa femme Rosemary n’adoptent pas le comportement attendu par Cleaver, qui voit d’un très mauvais œil leur consommation de LSD. Le Black Panther craint que les dérives du couple n’attirent les renseignements américains, qui grouillent dans la ville d’Alger. Au début de l’année 1971, se sentant en danger, Cleaver séquestre Timothy et Rosemary durant plusieurs jours. On assiste alors à une rupture profonde entre les deux révolutions, l’une psychédélique et l’autre politique. Crédit : timothylearyarchives Après leur libération, les Leary cherchent à quitter l’Algérie, ne s’y sentant pas en sécurité. Ils atterrissent à Genève où un riche trafiquant d’armes les attend. Ils sont accueillis comme des rois dans un chalet des Alpes. Ils restent tapis là-bas pendant un long moment, désertant les médias internationaux. Des rumeurs disent même qu’ils ont été attrapés par la CIA. Dans une lettre, Timothy compare sa situation à une scène de James Bond et parle de son départ de l’Algérie : « Magique, mystérieux, flippant et drôle. » Il raconte aussi qu’en Suisse, ils ont enfin trouvé la « tribu » qu’ils recherchaient. En 1969, Nixon lance la première opération du lutte contre le trafic de stupéfiants. Dans cette Guerre contre la drogue, le président américain demande immédiatement l’extradition de Timothy Leary vers les États-Unis. Le pape du LSD est alors emprisonné quelques temps à Lausanne. C’est sa troisième incarcération en un an, sur trois continents différents. La Suisse, pourtant, leur offre l’asile temporaire, en partie parce que l’accusation portée contre eux (la possession de cannabis) n’est pas un crime sur leur territoire. Sa folle aventure le sépare ensuite de son épouse et le mène jusqu’en Afghanistan, d’où il sera extradé vers les États-Unis en 1974 pour être emprisonné jusqu’en 1976. Le rapport du Département d’État américain sur la décision du gouvernement suisse de pas extrader Leary. Source : Timothy Leary Archives Ces psychiatres affirment que c’est pour votre bien.