Le meurtre d’Alexander Litvinenko, l’ancien agent du FSB réfugié au Royaume-Uni, a fait couler beaucoup d’encre depuis 2006. L’homme est mort plus de vingt jours après avoir bu un thé empoisonné au polonium 210, un isotope radioactif dont la Russie est le seul pays producteur. L’élément fut découvert par Marie Curie en 1898, durant ses recherches sur la pechblende, une roche qui représente aujourd’hui le principal minerai d’uranium. Baptisé « Po » par la scientifique d’après le pays dont elle était originaire, la Pologne, le polonium peut être trouvé sur le tableau périodique des éléments au bas de la colonne de l’oxygène. Le polonium est l’une des substances les plus toxiques au monde – des milliards de fois plus que l’acide cyanhydrique. Sa radioactivité est due au fait qu’il émet des particules alpha. Un lavage d’estomac peut prévenir ses effets dramatiques s’il est pratiqué peu après l’ingestion, mais une fois qu’il a atteint le sang, le Po-210 déchaîne ses radiations et entraîne la mort par syndrome de défaillance multiviscérale – la détérioration rapide de plusieurs organes vitaux. L’effet de la radiation alpha est tel qu’elle brise les liaisons chimiques des cellules vivantes, endommage l’ADN et libère un grand nombre d’ions radicaux qui peuvent provoquer davantage de dégâts. L’un de ces effets est la chute brutale des globules blancs qui, plus que toute autre chose, affaiblit l’organisme et le rend perméable aux infections. Le foie, les reins, la rate et la moelle osseuse sont les premières victimes des radiations alpha, ainsi que les follicules pileux – c’est la raison pour laquelle Litvinenko a perdu ses cheveux avant sa mort. Le décès de l’ancien espion a au moins un précédent tristement célèbre : la mort d’Irène Joliot-Curie, la fille de Marie Curie, des suites d’une leucémie qu’elle aurait contracté en ayant été exposée des années plus tôt au polonium. Source : The Conversation Au XVIIe siècle, un autre poison faisait des ravages : l’acqua tofana. Nous avons publié son histoire en quatre épisodes.