Frustrés par la politique de santé publique de leur gouvernement, les Roumains ont décidé de s’organiser. Un hôpital de huit étages est en train de prendre forme à quelques minutes du centre-ville de Bucarest. Il est érigé grâce à 30 millions d’euros récoltés sur une plate-forme de financement participatif et devrait ouvrir début 2021, précise le Guardian ce jeudi 5 mars.
Depuis 2015, plus de 300 000 personnes et 4 000 entreprises ont donné de l’argent pour construire cet établissement. Il traitera les enfants atteints de cancer et sera le premier hôpital d’État entièrement bâti grâce à des dons privés. Plus de 30 millions d’euros ont été collectés. Lors d’un concert à Bucarest en août 2019, le groupe Metallica avait fait un don de 250 000 euros.
Oana Gheorghiu est l’une des deux fondatrices de l’ONG Give Life Association, à l’initiative du projet. « Je pense que les Roumains avaient besoin d’un projet auquel croire parce que pendant les 30 dernières années, rien n’a été construit : pas de routes, pas d’hôpitaux, pas d’infrastructures », souffle-t-elle.
Depuis la chute du régime communiste en 1989, la Roumanie n’a pas brillé par ses investissements publics. Selon les derniers chiffres d’Eurostat, ses dépenses de santé sont les plus faibles de l’Union européenne en pourcentage du PIB. Chaque année, des milliers de médecins et d’infirmiers quittent le pays pour des emplois mieux rémunérés à l’étranger, tandis que des scandales de corruption continuent d’être dévoilés dans ce domaine.
« Notre secteur privé a prospéré », constate l’ancien ministre de la Santé Vlad Voiculescu, qui a cofondé une association caritative contre le cancer des enfants en 2014. « Nous avons des immeubles de bureaux, des espaces de vie impressionnants et probablement les plus grands centres commerciaux d’Europe. En revanche, notre gouvernement n’a réussi à construire qu’un seul nouvel hôpital en trois décennies. »
La construction a commencé en juin 2018 sur le terrain de l’un des hôpitaux existants de la ville. L’aile d’oncologie pédiatrique couvrira 12 000 m² avec un étage dédié aux soins intensifs, six salles d’opération et environ 160 lits. Si tout se déroule comme prévu, l’hôpital sera prêt début 2021.
Source : The Guardian