Livre de magie noire (fin du XVIe s., Angleterre) Entre les XVe et XVIIIe siècles, la magie faisait partie du quotidien des habitants de l’Europe médiévale, et cela n’avait pas que des avantages. La tombée de la nuit, notamment, s’accompagnait de la venue de rôdeurs maléfiques. Démons et sorcières menaçaient de troubler la quiétude des dormeurs, qui calmaient leur appréhension grâce à de nombreux rituels et objets protecteurs. À Manchester se tient jusqu’au 21 août prochain une exposition intitulée Magic, Witches & Devils in the Early Modern World (Magie, sorcières et démons dans l’Europe médiévale) qui présente les craintes et les remèdes qu’y trouvaient nos lointains ancêtres, par le biais d’objets et de rituels variés. On portait ainsi des bracelets de fer aux poignets, ou des dents de loups autour du cou pour chasser les mauvais esprits. Il arrivait également qu’on suspende un couteau d’acier au-dessus du berceau d’un nourrisson pour dissuader les démons d’approcher. Bracelets pour « accrocher » un enfant à la vie et éloigner la mort (université de Manchester) « Les deux bracelets de fer que nous présentons, l’un pour adulte et l’autre pour enfant, révèlent l’importance que les gens attachaient aux formes matérielles de protection magique, dans les moments de vulnérabilité », explique Sasha Handley, conférencière en histoire socio-culturelle médiévale des Îles britanniques à l’université de Manchester. « L’approche du sommeil était un moment d’anxiété aiguë car on pensait à l’époque que les heures que nous passons dans l’inconscience mettaient en danger le corps et l’âme à la fois. » Et le fer était tenu pour repousser toutes sortes de créatures diaboliques – mauvaises fées, démons ou sorcières. Si l’anxiété à l’approche du sommeil est encore très répandue de nos jours – quoi qu’on ne l’impute plus directement à la venue de démons, sinon intérieurs –, on craignait à l’époque des attaques physiques de la part des êtres maléfiques. « L’utilisation de ce genre d’amulettes et d’objets talismaniques comme formes matérielles de protection était courante, et c’est quelque chose qui réunit de nombreuses cultures pourtant très différentes, qui s’étirent de l’Europe jusqu’au monde islamique », conclut Handley. Le Compendium de magie noir surnaturelle, qu’on attribue à Michael Scot (fin du XVIe s., Franconie) Une femme chasse les démons de sa maison (fin du XVe s., Autriche) Source : Université de Manchester Aujourd’hui encore, certains chassent les fantômes. ↓