La présence d’humains près des populations de chimpanzés tend à faire disparaître leurs comportements culturels naturels. Alors que chaque population a normalement des habitudes propres, comme utiliser des outils pour casser les noix ou pêcher des termites, une nouvelle étude montre que ces comportements appris disparaissent lorsqu’ils vivent près d’humains, rapporte le magazine Science. Hjalmar Kühl, primatologue à l’institut d’anthropologie évolutive Max Planck, assure ainsi qu’il est urgent de protéger les « sites du patrimoine culturel des chimpanzés ».
« Une grand partie du travail de conservation est concentré sur la diversité génétique des espèces, mais nous devons aussi nous préoccuper de leur diversité culturelle », explique-t-il. En étudiant une quarantaine de communautés de chimpanzés, les chercheurs ont observé que les groupes éloignés de tout impact humain pouvaient présenter 15 à 20 comportements culturels, alors que les groupes fortement affectés par l’homme n’en présentaient que deux ou trois.
Les conséquences d’une présence humaine peuvent se matérialiser de plusieurs manières. La diminution du nombre d’animaux ou leur isolement peuvent ainsi conduire à une baisse de leurs contacts sociaux. Le partage des compétences se fait alors beaucoup plus difficilement. L’impact peut également être constaté à travers des facteurs extérieurs. Par exemple, si la production de noix sur un site diminue du fait de la présence humaine, les jeunes chimpanzés ne pourront pas apprendre à les casser et les manger. Si les singes les plus vieux du groupe meurent, ce comportement culturel sera alors perdu.
Ainsi, lorsqu’on tente de les protéger, « nous devons faire attention au savoir culturel et social que ces espèces utilisent pour survivre », ajoute le primatologue Carel van Schaik. Car pour les chimpanzés, « la culture n’est pas un luxe mais une part essentielle et intrinsèque de leur adaptation à l’environnement. Pour les espèces culturelles, le vortex de l’extinction semble tourbillonner de plus en plus vite. »
Source : Science Magazine