Chez l’humain, la musique peut être un don inné comme acquis, qui provoque inévitablement une émotion chez l’auditeur. Chez certains pourtant, cette émotion s’apparente à de l’indifférence. Une étude menée par une équipe de neuroscientifiques hétéroclite et publiée dans la revue PNAS révèle qu’il pourrait y avoir un fondement physiologique qui expliquerait le fait que certains individus ne présentent aucun intérêt pour la musique. Les chercheurs de trois instituts, l’université de Barcelone, l’institut neurologique de Montréal et l’hôpital de l’université de McGill, ont examiné 45 patients afin de mesurer la réponse des centres de gratification de leur cerveau lorsqu’ils écoutent de la musique. Les participants avaient à leur disposition une playlist Spotify de 40 morceaux. À l’aide de scans IRM, qui permettent de mesurer l’activité neurologique, les chercheurs ont remarqué qu’un petit pourcentage des cerveaux des sujets testés montraient une perte d’activité entre les régions neuronales associées au processus auditif et les centres de gratification du cerveau. Ils ont baptisé cette condition « l’anhédonie musicale ». « Les réductions de ces interactions sont associées au manque de réponse affective à la musique. Des individus victimes d’anhédonie musicale souffrent donc d’un déficit de relation fonctionnelle entre les régions qui traitent les informations auditives et les centres de gratification du cerveau », explique ainsi le rapport d’étude. Ces résultats semblent prouver une fois pour toute qu’écouter de la musique est un plaisir mesurable au sens neurologique. À l’inverse, la musique ne donne que peu de plaisir, voire aucun, à d’autres individus. Les chercheurs estiment qu’entre 3 et 5 % de la population humaine souffre d’anhédonie musicale. Sources : PNAS