Et si l’immense majorité de la fortune de Joaquin « El Chapo » Guzmán, l’ancien seigneur de la drogue mexicain, se trouvait à quelques centaines de kilomètres de Paris, dans les coffres des banques Suisses ? Sous forme d’avoir ou en cash, à Genève, Saint-Gall ou Vaduz, il se pourrait que le cartel Sinaola ait expatrié ses fonds chez les Helvètes. Dans une enquête publiée par le journal suisse Le Temps, le journaliste François Pilet raconte comment Ronaldo Negele, un gérant de fortune du Lichtenstein, a tenté de faire affaire avec des représentants de Sinaola, via l’intermédiaire d’un banquier américain, surnommé Oncle Bill, et s’est fait attraper par la justice américaine. Oncle Bill, dont le véritable nom est Tu Chau Lu, était le CEO de la Saigon National Bank, véritable « syndicat de blanchisseurs » basé à Los Angeles. Depuis des années, la petite entreprise fleurissait officiellement en offrant des crédits à la communauté vietnamienne de LA. Renflouée par les autorités américaines lors de la crise des subprime, elle « traitait » chaque jour, en réalité, plus de 2 millions de narco dollars en provenance du Mexique. En 2013, alors que Ronaldo Negele tente de se faire une place sur le marché US, il se rend à LA pour rencontrer les deux nouveaux partenaires d’Oncle Bill, les amis d’El Chapo. « Le duo est à la recherche d’un mécanisme de blanchiment qui leur permettra de recycler de l’argent provenant de la vente de drogue en Europe et du trafic d’armes vers le Nigeria », écrit Le Temps. Le deal est réalisé : les billets seront acheminés vers Zurich par des « mules » avant d’être emmenés à la banque Frick. Problème : les deux « partenaires » d’El Chapo sont en réalité des agents du FBI sous couverture. Oncle Bill et Negele sont pris la main dans le sac. Pire : Oncle Bill avait montré tout l’envers de sa boutique aux deux agents américains, « il leur avait montré comment ses employés acceptaient des sacs plastique remplis de narcodollars, sur des parkings de supermarchés asiatiques, et viraient chaque jour les montants correspondants, par chèques ou virements électroniques, vers le Mexique. » Le procès des deux hommes et de plusieurs coaccusés d’ouvrira le premier mars prochain. Ils sont en cavale. Source : Le Temps Benjamin Bruel Quand les Narcos s’exportent en Guinée-Bissau. ↓