Crédit : Reuters La coalition contre l’État islamique a largué plus de 41 500 bombes depuis son entrée dans le conflit en 2014. Une cadence qui oblige les États-Unis à vider progressivement les stocks de munition de ses bases implantées dans d’autres régions du monde. Les attaques aériennes menées par les Américains sur l’État islamique depuis maintenant deux ans épuisent progressivement le stock d’armement des États-Unis. Depuis quelques mois, ils sont ainsi contraints de puiser dans leurs réserves de bombes, disséminées aux quatre coins du monde, pour répondre aux besoins de leurs troupes stationnées en Irak et en Syrie. Une situation qui inquiète le Pentagone. En effet, des décisions sont actuellement prises pour identifier les bases qui doivent impérativement conserver leur armement et celles qui peuvent supporter de voir leurs ressources partiellement allouées à l’opération Inherent Resolve (l’opération militaire américaine menée dans le cadre de la coalition anti-État islamique). Depuis août 2014, la coalition a lancé 12 453 frappes aériennes en Irak et en Syrie selon les forces armées en charge de la campagne militaire contre l’État islamique. 8 500 en Irak, 4 000 en Syrie. Or, les drones et les avions de guerre américains ont assuré plus de 76 % d’entres elles. 41 697 bombes ont ainsi été larguées sur les territoires occupés par Daech, forçant les États-Unis à emprunter une partie de l’armement des pays alliés qui participent aux frappes à leurs côtés. La pénurie qui s’annonce pourrait contraindre les Américains à larguer d’anciennes armes à sous-munitions (des armes conventionnelles conçues pour libérer des projectiles explosifs de petite taille). En effet, si les États-Unis maintiennent des réserves de munitions en Europe, au Moyen-Orient et dans le Pacifique, la plupart d’entre elles commencent à dater. Comment en est-on arrivé là ? C’est très simple, il y a trois ans, lorsque les prévisions budgétaires du ministère de la Défense américain ont été réalisées, les forces armées du pays étaient sur le point de se retirer d’Afghanistan et n’étaient pas encore retournées en Irak. Sauf qu’entre-temps, la situation a évolué : des milliers de soldats sont restés stationnés en Afghanistan et des milliers d’autres ont été envoyés en Irak pour soutenir et former l’armée irakienne. Une situation que le secrétaire de la Défense des États-Unis espère rapidement régler. En février dernier, il a ainsi annoncé que le Pentagone demanderait au Congrès américain une rallonge budgétaire de plus 1,8 milliards de dollars pour acheter 45 000 nouvelles bombes. Toutefois, même si le Congrès consent à débloquer une enveloppe exceptionnelle, il faudra attendre au minimum deux ans avant de voir ses nouvelles munitions rejoindre les terrains d’affrontement. On estime à sept ans le temps qu’il faudra à l’armée américaine pour reconstituer l’ensemble de ses stocks de munitions de pointe. Source : United States Department of Defense Rencontre avec Kamal Redouani, le seul journaliste au monde à être entré dans le fief d’Al-Baghdadi en Irak. ↓