Les cartels mexicains recrutent désormais des enfants et des adolescents en tant que tueurs à gages, révélait Vice dans une enquête publiée le 8 décembre. Le gouvernement tente de lutter contre la pratique horrible, de plus en plus répandue au Mexique.
En septembre dernier, le Réseau pour les droits de l’enfant au Mexique (REDIM) a dévoilé dans une nouvelle étude que 30 000 enfants travaillaient déjà en 2019 en tant que guetteurs, dealers ou sicarios (tueurs) pour les cartels. L’étude indique que 250 000 enfants supplémentaires pourraient avoir été engagés depuis. En plus de ce recrutement, les enfants mexicains sont confrontés à une violence sans précédent dans le pays : selon le REDIM, 21 000 enfants ont été assassinés au Mexique entre 2000 et 2019. Malheureusement, certains de ces crimes sont parfois commis par les mêmes jeunes qui auraient pu en être victimes. Les enfants qui tentent d’éviter les menaces des cartels ont généralement très peu d’autres opportunités que de finir par les rejoindre.
Juan fait partie de ces jeunes. Il avait seulement 15 ans lorsqu’un cartel de la drogue lui a proposé de vendre de la métamphétamine. Alors qu’il était au lycée, Juan a accepté tout en continuant ses études. L’année suivante, le groupe criminel lui a proposé une nouvelle mission : tuer un membre du cartel rival qui vendait de la drogue sur leur territoire. « Je suis allé à l’endroit qu’on m’avait indiqué », a-t-il confié à Vice News. « Là, je l’ai tué. » L’arme et la photo lui avaient été fournies par le cartel. Juan est alors devenu petit à petit un sicario. « C’est devenu normal. Personne ne savait rien, même pas ma famille, personne », raconte-t-il. Aujourd’hui, le jeune de 18 ans se trouve dans un établissement correctionnel à cause du meurtre d’un membre de cartel rival.
Le gouvernement mexicain est totalement dépassé depuis des années par cette nouvelle tendance des groupes criminels mexicains. Au printemps dernier, le gouvernement a créé un observatoire national afin de lutter contre le problème, mais on ne sait pas encore quelles mesures seront prises. Le gouvernement de l’État de Basse-Californie, situé au nord du Mexique, a également construit de manière indépendante une académie militaire à la périphérie de Tijuana. Elle collabore avec des associations locales pour lutter contre la « sicarisation » des enfants et tente de se financer grâce aux dons et aux subventions internationales. La ville de Tijuana compte le plus grand nombre de morts du pays entre 2018 et 2020.
Le narcotrafic est l’une des principales causes de la violence inouïe dans les 32 États mexicains. Plus de 36 579 homicides ont officiellement été enregistrés en 2020, soit une moyenne de 100 par jour. Entre 2012 et 2013, l’armée mexicaine avait déjà arrêté 473 enfants, dont 61 filles. Le phénomène s’accroît, tout comme la violence et la précarité dans le pays, et bien souvent, le gouvernement se retrouve impuissant. Ou n’agit pas.
Source : Vice