En 2018, les jumeaux Lulu et Nana sont nés avec un ADN modifié. Grâce à l’outil d’édition génétique CRISPR, le scientifique chinois He Jiankui espérait les immuniser contre le sida. Mais cette pratique controversée pourrait avoir échoué et entraîné des mutations indésirées. C’est la conclusion dressée par des chercheurs qui ont eu accès aux résultats dans les colonnes de la MIT Technology Review le 3 décembre 2019.
Pour parvenir à ses fins, He Jiankui a ciblé une mutation génétique qui immunise certaines personnes contre le VIH, sur un gène baptisé CCR5. Or, pointe aujourd’hui le spécialiste du génome Fyodor Urnov, « l’affirmation selon laquelle [les jumeaux] ont hérité de la variante de CCR5 trahit les faits de façon flagrante et peut être résumée en un mot : mensonge. » Selon lui, les résultats de l’étude montrent que le gène n’a pas pu être transmis convenablement à Lulu et Nana.
En échouant à leur donner la mutation « delta 32 » sur CCR5, l’équipe du professeur Jiankui a procédé à une édition génétique dont on ignore les conséquences, car CRISPR est un outil dont les effets sont encore méconnus. En altérant l’ADN, il peut change le code du vivant de façon incontrôlable. Selon Urnov, ils pourraient avoir développé des mutations indésirables.
He Jiankui a été vu pour la dernière fois au balcon de son appartement de Shenzen, en janvier 2019, après avoir été renvoyé par son université. Les autorités ont déclaré désapprouver son acte. Et on ignore ce que sont devenus Lulu et Nana.
Source : MIT Technology Review