Le neurobiologiste Douglas Fields appelle ça le snapping : le fait de passer en un clin d’œil à un état de rage incontrôlée, ou difficilement contrôlable. Un automobiliste vous fait une queue de poisson, on s’en prend à quelqu’un qui vous est cher, on cherche à s’emparer d’un bien qui vous est précieux… et ça y est, vous voyez rouge. Dans le cas de Fields, c’était à Barcelone. Il devait y donner une conférence et en a profité pour faire un peu de tourisme avec sa fille. Ils faisaient la queue pour visiter la Sagrada Família quand il a senti le geste vif d’un pickpocket subtilisant son porte-feuille dans sa poche arrière. D’instinct, Fields a fait volte-face et s’est jeté violemment sur le voleur, qui lui a rendu son bien. Après coup, le scientifique, d’un naturel paisible, a réfléchi à son attitude et s’est demandé ce qui pouvait provoquer en nous de tels sursauts de violence. Il a consigné les résultats de ses recherches dans un livre intitulé Why We Snap, qui présente en détail les neuf éléments qui déclenchent ces soudains jaillissements de fureur. Il a rassemblé ces agressions sous l’appellation LIFEMORTS : L — pour life (« la vie »), la lutte pour la survie. I — pour « insulte ». F — pour « famille », la protection de ceux qui nous sont chers. E — pour « environnement », l’instinct de territorialité. M — pour mate (« l’ami »). O — pour « organisation », ce qui vient la troubler. R — pour « ressources », le manque de ressources. T — pour « tribu », l’état d’esprit « c’est nous ou eux ». S — pour stop, le fait d’être retenu ou contraint. Source : National Geographic Dans la peau d’un vrai psychopathe. ↓