Une page du Zibaldone da Venice, qui date du XIVe siècle. Crédits : Beinecke Rare Book and Manuscript Library. Un zibaldone est à la fois un journal intime, un registre, un carnet à dessins et un album. Au XIIIe siècle, il faisait partie intégrante du quotidien de chacun. Coucher sur le papier sa journée, ses humeurs et ses sentiments était une pratique qui avait son moment dédié. 600 ans plus tard, le zibaldone est un terme qui a totalement disparu de notre vocabulaire, mais qui désigne une pratique toujours courante. Aujourd’hui, c’est à Tumblr que l’on raconte notre journée, en partageant des anecdotes personnelles, des photos, des dessins et nos rancoeurs. Un extrait d’un des nombreux journaux de Walt Whitman. Crédits : Library of Congress / Manuscript Division. Même s’il est quasiment impossible de dire qui a écrit le premier zibaldone, l’universitaire Eve Molynes, auteur de A living Text : Literacy, Identity and Fourtheenth-Century Italian Merchants in The Zibaldone da Canal, avance des hypothèses. Elle explique que les XIIIe et XIVe siècles ont observé une grande augmentation de l’alphabétisation des commerçants de la classe moyenne, des comptables et des artisans. Contrairement à leurs congénères de la classe supérieure, dont la plupart pratiquaient encore le latin, ces marchants écrivaient en langue vernaculaire. Ils étaient également plus intéressés par le fait de partager leur quotidien et leur travail, en inscrivant le tout dans un petit carnet. Le zibaldone vient ainsi de l’italien et veut littéralement dire « un tas de choses ». Extrait d’un zibaldone de Thomas Jefferson. Crédits : Library of Congress / Manuscript Division. Et tandis que les marchants italiens voyageaient à travers toute l’Europe pour faire le commerce de leurs marchandises, le zibaldone voyageait avec eux. Ainsi, dans la Grèce Ancienne, Aristote aurait conseillé à ses étudiants de retranscrire leurs études, organisées par thème, dans un carnet qui leur permettrait de s’y référer n’importe quand et de retomber rapidement sur l’information recherchée. Même si l’on qualifie Tumblr de descendant du zibaldone, l’écrit a tout de même la dent dure. Une fois couchées sur le papier, les confessions manuscrites conserveront nos secrets des siècles durant, contrairement aux confessions digitales qui sitôt publiées, ne nous appartiennent plus. Source : Atlas Obscura.