On lui donne différents noms. « Souffle du diable », « souffle du dragon », « poudre zombie » ou encore « baiser du sommeil ». Celle qu’on a prise à tort pour le scam de l’été 2015 à Paris est en réalité une drogue de plus en plus répandue en Colombie. Les histoires se suivent et se ressemblent tragiquement : les victimes ingurgitent à leur insu une drogue qui les plonge dans un état d’hébétude les laissant à la merci de leur agresseur. On a raconté à l’époque qu’il suffisait aux voleurs de souffler la poudre au visage de la victime ou de lui tendre une carte de visite imbibée de poudre pour l’intoxiquer, mais les scientifiques en doutent. Ce qu’on sait avec certitude, c’est que ce composé chimique est un mélange de scopolamine et d’atropine qui s’inhale ou s’avale, et plonge l’usager dans un état de passivité totale. À forte dose, le « souffle du dragon » provoque hallucinations, black out, et dans certains cas le décès de la personne intoxiquée s’il y a overdose. D’après le magazine Wired, 70 % des patients drogués à la scopolamine à Bogotá, la capitale colombienne, ont également été volés, tandis que 3 % ont subi des abus sexuels. En 2014, le département d’État américain estimait dans un rapport qu’environ « 50 000 incidents » liés à la prise de scopolamine étaient déclarés chaque année en Colombie. Le docteur Guttierez, toxicologue de l’université nationale de Colombie, explique que « d’un point de vue médical, cette substance est parfaite pour les actes criminels car les victimes ne se souviennent de rien, et donc rendre compte de rien ». Là-bas, on l’appelle burundanga, la drogue la plus dangereuse du monde. Dans un reportage réalisé par VICE, un usager colombien interrogé rapporte qu’un seul gramme peut tuer 10 à 15 personnes. Si aucune preuve scientifique ne vient confirmer son estimation, il est néanmoins prouvé qu’une overdose de scopolamine peut causer une accélération dangereuse du rythme cardiaque, des psychoses et des convulsions.
Sources : VICE/Wired