Il existe quelque part dans l’Utah, sur les pentes des montagnes Wasatch et surplombant un lac nourri de sources, une forêt de peupliers faux-trembles dont les troncs blancs sont tous génétiquement identiques et interconnectés par un vaste réseau de racines. Ce peuplement forestier n’est en fait qu’un immense et même organisme composé de 47 000 « tiges » pesant environ 6 000 tonnes : le plus grand du monde. Baptisé Pando, il est cependant en train d’être lentement dévoré, nous apprend un article de The Conversation paru le 25 novembre.
Vieux de plusieurs milliers d’années – certaines estimations lui donnent 14 000 ans –, la longévité et l’impressionnante taille de Pando lui permettent d’abriter 68 espèces de plantes et d’héberger nombre d’animaux sauvages. Son écosystème tout entier repose sur la santé des dizaines de milliers d’arbres-clones qui le composent, et bien qu’il soit protégé par l’US National Forest Service, il est en danger pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, les cerfs et les élans, nombreux dans les parages en raison de la diminution significative de leurs prédateurs naturels comme les loups et les cougars, se nourrissent des jeunes arbres. De plus, le fait que Pando soit protégé signifie qu’ils ne risquent pas d’y être chassés ; ils peuvent dès lors le coloniser sans vergogne. Heureusement, une zone délimitée et grillagée a été instaurée il y a quelques années pour retirer les arbres morts. Les cervidés n’y ayant pas accès, de nouveaux arbres-clones ont pu y pousser, formant ce qu’on appelle désormais un « jardin de bambou ».
Mais les maladies affectant les plus vieux arbres (tâches sur les feuilles, chancre de l’écorce et champignons) ainsi que le changement climatique le menacent aussi. Bien que ces maladies se soient développées et aient prospéré dans la zone pendant des millénaires, on ne connaît pas exactement leurs effets à long terme sur l’écosystème. Quant au changement climatique, il modifie les conditions de vie de l’organisme en profondeur ; la diminution des ressources d’eau et l’augmentation des températures empêchent la formation de nouvelles feuilles, exposant toujours un peu plus les sols et les jeunes pousses…
Heureusement, Pando sait faire preuve de résilience, comme il l’a prouvé au cours des siècles passés. Les scientifiques cherchent d’ailleurs toujours à comprendre les secrets de son incroyable endurance. Longue vie à toi, Pando !
Source : The Conversation