Crédits : Sebastián Marroquín/Facebook Sebastián Marroquín, le fils de Pablo Escobar, a visiblement dévoré la saison 2 de Narcos. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas content. Il l’a fait savoir le 6 septembre dernier en postant un long message Facebook, dans lequel il liste les 28 erreurs que comptent le scénario de la deuxième saison de la série Netflix. Elle retrace la traque de Pablo Escobar jusqu’à sa chute. On peut ainsi observer les derniers jours de sa cavale, où il fuit la justice et les groupes paramilitaires qui le poursuivent. Son coup de gueule donnait ça : [ATTENTION SPOILERS] « Narcos 2 et ses 28 chimères… Chers amis, je partage ici mes réflexions personnelles quant à la seconde saison de Narcos, afin que prenez avec des pincettes l’exactitude de son contenu. Passons sur l’ennui mortel que représentent les séries en général. Je vous invite plutôt à lire mon livre Pablo Escobar : Mon Père pour connaître la vérité sur sa vie. Au nom de mon pays et afin d’honorer la réalité des événements qui ont eu lieu dans les années 1980 et 1990, je me sens obligé de pointer du doigt les sérieuses erreurs de cette série, qui s’auto-proclame « basée sur des faits réels » alors qu’elle est très loin de la réalité et qu’elle insulte l’histoire de toute une nation, de nombreuses victimes et de leurs familles. 1. Carlos Henao était mon oncle côté maternel et non un dealer de drogue comme il est dépeint dans la série. C’était un homme bon, travailleur, honnête, noble ainsi qu’un bon père. Un ami très proche de ma mère. Il était architecte et a aidé à construire des maisons, des routes et les ponts d’Hacienda Napoles, mais il n’a jamais été impliqué dans des activités illégales. Il n’a jamais été condamné en Colombie ou dans n’importe quel autre pays, pour quelque acte que ce soit. Il vendait des Bible. Il parlait toujours de paix, non de guerre. De pardonner et non d’attaquer les gens. Il n’était pas trafiquant de drogues et Netflix l’a caricaturé, lui et le reste de ma famille, en toute impunité et tranquillité. Carlos Henao n’a jamais vécu à Miami. Il a été kidnappé et torturé par Francisco Toro. Quelle tristesse que Netflix montre des images de tous ces corps torturés par Los Pepes, tandis qu’ils oublient de montrer le corps de mon oncle Carlos torturé de façon identique et publique. Ils ont bafoué l’honneur d’un homme qui était respecté dans tout Medellín. Un homme irréprochable du début à la fin. 2. Mon père n’était pas un fan de l’Atletico National mais de l’Independiente Medellín. Si les auteurs ne connaissent même pas le nom de l’équipe préférée de Pablo, comment peuvent-ils raconter le reste d’une histoire qu’ils disent vraie ? 3. Quica a été arrêté à New York le 24 septembre 1991. Pendant la fuite de mon père de La Catedral en juillet 1992, il était déjà retenu aux États-Unis depuis un moment pour falsification de documents. Il a été accusé à tort d’avoir conçu la bombe qui a explosé du vol Avianca dans lequel plus de 100 passagers et membres d’équipage ont trouvé la mort, qui visait le possible successeur de Luis Carlos Galan, César Gaviria. Jusqu’à ce que le ministre De Greiff envoie des lettres aux États-Unis en faveur d’un acquittement de cet homme qui, d’après ce que disait également mon père, n’avait rien à voir avec ça. 4. À propos de la fuite de La Catedral : il n’y a pas eu d’affrontements aussi intenses, seul un garde a été tué. Ceux qui sont restés ne se sont pas battus. Mon père n’a pas eu besoin de contacts ni de la justice pour s’échapper. La fuite était préparée depuis la construction même de la prison : mon père a demandé à ce qu’on laisse quelques briques amovibles. Il s’est échappé lorsque le gouvernement l’a informé que l’accord de non-extradition serait abrogé. 5. Limon était un employé de Roberto, alias « Osito », le grand frère de mon père. Il a travaillé pour lui comme chauffeur pendant 20 ans. Il n’a pas été recruté à ce moment de l’histoire de la famille mais des années avant. Mais étant un employé de Roberto, qui était un collaborateur de la DEA, il a pu avoir accès à des informations à vendre à son frère sur le mode de vie et les errances de mon père. Limon était au volant du camion qui m’a emmené à La Catedral. Osito a donné des renseignements à Los Pepes et à la DEA pour localiser son frère, son épouse et ses enfants. 6. Il n’est pas certain que les cartels de Medellín et de Cali ont négocié pour faire respectivement de Miami et de New York des places fortes du narco-trafic. 7. La CIA n’a pas proposé aux frères Castaõ de créer Los Pepes. C’est Fidel Castaño qui en a décidé avec la complicité du Cartel de Cali et des autorités locales et étrangères, qui ont fermé les yeux sur des milliers de crimes et de disparitions. 8. Ma mère n’a jamais acheté ni utilisé d’armes à feu. Ce sont des mensonges. Elle n’a jamais tué personne. 9. Mon père n’a pas personnellement tué un certain colonel « Carrillo », comme ils appellent dans la série – le chef du Bloque de Busqueda. Les attentats y étaient pour beaucoup et ils ont fait plus de 500 victimes en un mois dans la ville de Medellín à la fin des années 1980. Je n’excuse pas la violence de mon père et je reconnais qu’il a fait beaucoup de tort à la police, au moins autant qu’il leur a donné d’argent. 10. Ceux qui connaissent le fond de l’histoire savent que mon père s’est gravement trompé en ordonnant la mort de ceux qui étaient ses proches alliés, Moncada et Galeano. Ces derniers ont été séquestrés par le cartel de Cali et afin d’être libérés vivants, ils ont promis de livrer Pablo. Des écoutes téléphoniques prouvent leur manque de loyauté. Mon père a décidé au dernier moment de laisser la vie à Moncada, mais la mort l’avait déjà emporté. Ce crime a été l’un des actes déterminants de la chute de mon père. 11. À la fin de ses jours, mon père était seul et non entouré de bandits comme on le montre. Mais quasiment tous les principaux criminels, à l’exception d’Angelito et Poplar, s’étaient livrés ou étaient morts. 12. Il n’y avait pas tant de confort après la fuite de La Catedral. Nous vivions dans des taudis, pas des manoirs. 13. L’histoire de « Leon » de Miami est un mensonge. Il ne vivait pas aux États-Unis. C’était un homme fidèle et brave, au service de mon père. Il est mort après avoir été séquestré et torturé par les frères Castaño à Medellín. Il est tombé en luttant au nom de mon père. Il n’était pas comme la série le montre. 14. Mon père n’a jamais aménagé dans la ville de Cali. Un communiqué est sorti disant que son épouse et une partie de sa famille étaient originaires de cette région. Mais pour autant, le communiqué disait qu’il n’avait rien contre la population. 15. Ricardo Prisco avait un frère médecin, un homme bon que l’on stigmatisait pour les agissements de son frère, mais ce n’était pas un bandit. Dans la vraie vie, Ricardo est mort bien plus tard. 16. Jamais mon père ne s’en est pris à la fille de Gilberto Rodriguez, ni à son mariage, ni jamais. Ni à n’importe quel autre membre de sa famille. Cela faisait partie du pacte, ne jamais toucher à la famille. Mon père l’a respecté. Ce n’était pas leur cas le 13 janvier 1988, à Monaco, lorsqu’ils ont posé une bombe là où nous vivions, ma mère, ma sœur et moi. 17. Mon père ne nous a jamais obligés à rester avec lui dans la clandestinité. Il pensait toujours, comme ma mère, qu’il fallait nous éduquer de façon à ce que nous prenions des directions différentes des leurs. 18. Nous n’avons vécu qu’une seule fusillade avec mon père, qui n’avait d’ailleurs rien à voir avec ce que montre la série. Les faits sont racontés dans mon livre tels qu’ils se sont vraiment déroulés. 19. Ils ont situé les attaques à la bombe de mon père à Drogas La Rebaja en 1993, alors qu’en réalité, elles se sont déroulées entre 1988 et 1989. 20. Ma grand-mère paternelle a trahi mon père et s’est alliée à son fils aîné Roberto. Ils ont négocié avec Los Pepes et collaboré si activement que cela leur a permis de vivre tranquillement en Colombie alors que nous, fidèles à l’amour de mon père, vivions en exil. J’aurais préféré connaître la version tendre de la grand-mère qu’ils décrivent dans la série. 21. Le voyage jusqu’en Allemagne ne s’est pas déroulé de cette façon. Ma grand-mère paternelle n’a pas voyagé avec nous. 22. Le ministère de l’Intérieur de Colombie n’a pas voulu nous aider, comme ils le montrent avec De Grieff qui en avait l’air mais n’était pas si bon. Son bureau était totalement infiltré par le cartel de Cali. Nous étions comme des otages, séquestrés par notre propre État, accusés de délit de filiation. Deux mineurs et deux femmes enfermés dans un petite chambre d’hôtel. 23. Virginia Valljo était si amoureuse qu’elle refusait l’argent de mon père ? Voilà deux énormes mensonges en un ! Ma mère n’a jamais parlé avec elle de la fuite de La Catedral. Cela faisait quasiment une décennie que mon père n’avait pas eu de contact avec Virginia, qui par la même occasion était aussi la maîtresse des chefs du cartel de Cali. 24. À l’hôtel Tequendama, mon père ne nous a pas envoyé des téléphones, nous avons utilisé ceux de l’hôtel. Je raccrochais dès qu’il m’appelait pour le protéger, mais il était têtu et voulait quand même rester au téléphone avec nous alors qu’il savait qu’il courait un risque. « Le téléphone, c’est la mort », m’a t-il dit toute sa vie. Il demandait ensuite à parler à ma mère et à ma sœur et il s’identifiait auprès de l’opératrice avec ses deux noms et prénoms. Ses appels étaient des adieux. Il les faisait durer le plus longtemps possible afin d’être localisé. Mon père s’est suicidé comme il m’avait dit qu’il le ferait, des dizaines de fois. Le tir qui lui a ôté la vie venait de sa propre main et de son propre pistolet, à deux millimètres de l’endroit exact où il me disait que la balle se logerait. La police ne l’a pas tué. Carlos Castaño a dirigé l’opération finale, aucune autorité étrangère n’y a participé, comme Castaño l’a raconté en personne à ma mère. 25. Aucun journaliste n’a été assassiné devant l’hôtel Tequendama. 26. Mon père n’a jamais maltraité ses parents, encore moins Abel, son père. Jamais une conversation à ce sujet n’a existé. 27. Après la mort de mon père, ma mère a été citée dans une réunion du Cartel de Cali. Il y avait plus de 40 grands chefs mafieux de Colombie. Celui qui lui a sauvé la vie s’appelait Miguel Rodriguez et non Gilberto. À cette occasion, ils nous ont dépouillés des biens dont nous avions hérités et les ont gardés pour eux, avant de se les répartir comme butin de guerre. 28. Dans la série, ma grand-mère dit à ma mère qu’elle trahit mon père. Dans la vraie vie, c’est ma grand-mère paternelle et ses fils et filles qui étaient en contact avec le cartel de Cali ! Je ne vous parle même pas de la saison 1 pour ne pas rendre la liste plus longue… Le monde tourne définitivement à l’envers. Chacun raconte les histoires à sa manière. Il en résulte des succès commerciaux sans que personne ne se préoccupe de la vérité. Jugez par vous-mêmes, Sebastián Marroquín, (anciennement Juan Pablo Escobar). » Source : Facebook
Il blanchissait l’argent du cartel tout en leur tendant un piège.