Les personnes ayant des opinions extrémistes ne sont pas seulement reconnaissables par leurs croyances politiques, religieuses ou sociales. En effet, d’après les conclusions d’une nouvelle étude de chercheurs.euses des universités Stanford et Cambridge, les cerveaux de ces individus ont du mal à effectuer des tâches mentales complexes, rapportait The Conversation le 22 février.
Les recherches, portant sur environ 350 citoyen.ne.s américain.e.s, tentaient d’établir une relation entre les traits cognitifs des individus et leurs visions idéologiques du monde. Pour ce faire, les participant.e.s se sont d’abord prêté.e.s à une série de « jeux cérébraux », conçue pour tester des choses comme leur mémoire de travail, le traitement de l’information, l’apprentissage et la pleine conscience, entre autres, avant de répondre à des questionnaires personnels. Mais au moment de comparer les résultats, les scientifiques ont fait une découverte surprenante.
« Il semble y avoir des similitudes cachées dans l’esprit de ceux et celles qui sont les plus disposé.e.s à prendre des mesures extrêmes pour soutenir leurs convictions idéologiques », explique la psychologue Leor Zmigrod, de l’université de Cambridge. Et il est possible que ces schémas psychologiques soient ce qui oblige certains individus à adopter des positions idéologiques fortes ou radicales en premier lieu, suggère-t-elle. « Des difficultés subtiles avec un traitement mental complexe peuvent inconsciemment pousser les gens vers des doctrines extrêmes, qui fournissent des explications plus claires et plus définies du monde, ce qui les rend vulnérables aux formes toxiques d’idéologies dogmatiques et autoritaires. »
Plus précisément, les personnes présentant des attitudes extrémistes – comme l’approbation de la violence contre des groupes sociaux spécifiques – ont une mémoire de travail plus faible, des stratégies perceptives plus lentes et des tendances impulsives à la recherche de sensations. Cependant, les tests n’ont pas seulement mis en évidence les traits de la pensée extrémiste : d’autres types de croyances idéologiques ont également révélé leurs signatures psychologiques.
Les participant.e.s qui ont montré une pensée dogmatique étaient ainsi plus lent.e.s à accumuler des preuves dans des tâches de prise de décision accélérées, mais ils.elles étaient également plus impulsifs et enclin.e.s à prendre des risques éthiques. De leur côté, les personnes politiquement conservatrices ont montré une réduction du traitement de l’information stratégique, et une aversion pour la prise de risque social. A contrario, les participant.e.s ayant des convictions libérales étaient plus susceptibles d’adopter des stratégies perceptives plus rapides et moins précises, faisant preuve de moins de prudence dans les tâches cognitives.
Bien sûr, les résultats sont ouverts à un certain degré d’interprétation, et il y a des limites aux expériences relativement restreintes comme celle-ci. Néanmoins, la méthodologie utilisée pourrait jeter les bases de futurs tests psychologiques susceptibles d’être en mesure d’identifier les personnes risquant de se radicaliser et d’adopter des croyances extrémistes… voire même suggérer quel type de pensée en protège les autres.
Source : The Conversation