L’inefficacité des antidotes a longtemps fait du poison un moyen efficace pour se débarrasser de ses ennemis. Le bézoard fait partie de ces remèdes dont l’aura légendaire masquait son inutilité. Même si d’apparence il ressemble à une pierre, il s’agit en fait d’un amas de substances non digestibles qui stagne dans le tube digestif de l’homme et de certains mammifères. Ceux produits par les porcs-épics d’Asie étaient parmi les plus populaires. Une collection de bézoards naturels Crédits : Wikimedia Pendant des siècles, on pensait le bézoard capable de rendre n’importe quel poison inoffensif. Quand il n’était pas possible d’en trouver un produit naturellement, moyennant une certaine somme, on pouvait acquérir un bézoard créé artificiellement : une pierre de Goa. Pour bénéficier de ses propriétés soit disant bénéfiques, il était d’usage de l’ingérer en l’écrasant au préalable, ou bien de le mélanger à sa boisson, si on la suspectait d’être empoisonnée. Une pierre de Goa moins ostentatoire Crédits : Wikimedia L’une des expérimentations les plus célèbres avec le bézoard a été réalisée par le chirurgien français Ambroise Paré. Pour prouver que le bézoard n’était pas un remède contre tous les poisons, il a empoisonné un condamné à mort auquel il a immédiatement procuré le légendaire « antidote ». Quelques heures plus tard, le condamné avait accompli sa peine. Cependant, cela n’a pas suffi à discréditer l’usage du bézoard en tant qu’antidote. Au XVIIème siècle, dans l’État de Goa, en Inde, un groupe de moines jésuites a commencé à produire des bézoards artificiels pour les vendre aux élites britanniques. Ces boules de saletés polies étaient fabriquées avec toutes sortes d’ingrédients dont des cornes de narval, de l’ambre, du corail… et, parfois, ils ajoutaient même un peu de bézoard produit naturellement. La plupart des pierres de Goa – du moins celles qui nous sont parvenues – étaient enveloppées dans un globe d’or et argent, ce qui contraste avec l’aspect boueux de cette boule pseudo-magique. De riches ornements étaient conçus car les pierres de Goa avaient aussi un aspect symbolique. Crédits : Wikimedia À cause de la proportion croissante de bézoards artificiels contenant des minéraux malsains comme le mercure, les ventes de pierres de Goa ont commencé à chuter à l’aube du XIXème siècle. Néanmoins, des bézoards se trouvent encore chez certains herboristes chinois. Aujourd’hui, quelques pierres de Goa sont exposées dans les musées dont le Metropolitan Museum of Art de New-York ainsi que le Musée d’histoire de l’art de Vienne en Autriche. Source : Wikipédia L’histoire secrète du réseau d’empoisonneuses qui a terrifié l’Europe du XVIIe siècle. ↓