Après plusieurs jours de rumeurs, le Salvador est officiellement devenu le premier pays à accepter le bitcoin comme monnaie légale, annonce le Wall Street Journal ce 9 juin. Une décision « historique » qui voudrait éclipser les réalités plus sombres auxquelles le pays autoritaire est en proie.
Le Congrès du Salvador a approuvé ce mercredi l’utilisation du bitcoin comme monnaie légale sur son territoire. C’est la première fois qu’une telle décision est prise par un État, et cette initiative vient du président lui-même, Nayib Bukele, dans l’espoir de « permettre une inclusion financière à des milliers de personnes qui sont en dehors de l’économie légale » et ainsi dynamiser la croissance salvadorienne. Sur les réseaux, on peut voir le président de 39 ans, arborant casquette à l’envers et veste de jogging, vanter les mérites de la cryptomonnaie.
Mais alors que les projecteurs sont braqués sur le petit pays d’Amérique centrale, il convient de rappeler que les geôles du Salvador sont toujours pleines de femmes dont le seul crime est d’avoir (supposément) avorté. Certaines d’entre elles ont simplement été victimes de fausses couches. La justice salvadorienne vient d’ailleurs de libérer une femme après dix ans de prison pour avoir eu recours à un avortement, qualifié par la justice « d’homicide aggravé ». Condamnée à une peine de 30 ans de réclusion, Sara Rogel est sortie de prison lundi 8 juin après qu’un tribunal lui a accordé une libération conditionnelle anticipée, relaie le Guardian.
« Sara n’a jamais mérité d’être en prison », a déclaré Morena Herrera, une militante féministe. Le Salvador a l’une des interdictions d’avortement les plus strictes du monde. Il ne permet aucune exception, même en cas de viol ou si la vie de la mère est en danger, et les peines de prison délivrées peuvent aller jusqu’à 40 ans. Une information qui vient tempérer la volonté du Salvador de s’afficher comme une nation progressiste en adoptant le bitcoin.
Sources : WSJ/The Guardian