La Règle 34 d’Internet est-elle toujours aussi vraie ?

Il y a un jeu marrant à faire entre potes (adultes et en état d’ébriété, bien sûr) : désactivez le safe search sur votre navigateur et tentez de prendre à défaut la Règle 34 d’Internet. Qu’est-ce que c’est ? C’est un mème qui suggère que sur n’importe quel sujet, il existe un équivalent pornographique. Si quelque chose existe ou peut être imaginé, vous pouvez être sûrs que vous trouverez du porno en rapport. Tetris ? Robots ? Extraterrestres ? Chèvres ? Trombones ? Allez-y, googlez vous verrez bien. Mais 13 ans après l’invention de la Règle 34 par un ado anglais, il semblerait qu’il soit beaucoup plus difficile de trouver ce qu’on cherche sur le net aujourd’hui. « Je crois qu’on assiste à la mort de la Règle 34 », dit Ogi Ogas, neuroscientifique informatique à l’université de Harvard et auteur de la première étude à grande échelle sur la pornographie du net. « C’est bien là, si vous voulez le trouver. Mais ce n’est plus si simple. » L’ado anglais en question s’appelait Peter Morley-Souter, et il a créé la règle après être tombé sur du porno inspiré de Calvin & Hobbes. L’idée lui a semblé tellement absurde qu’il s’est dit que tout pouvait être sujet au porno sur Internet. Et si c’était vrai il y a 13 ans, les temps ont bien changé. À l’époque, les sites pornographiques n’étaient pas la propriété de grandes firmes comme aujourd’hui et n’attiraient pas autant de monde. Il faut savoir qu’aujourd’hui, les sites pornos captent 4,7 % de tout le trafic sur Internet, dont les plus populaires sont des sites comme Xvideos (le 23^e site le plus populaire sur Terre) et Pornhub (à la 37^e place du classement). Et huit des dix sites de vidéos X les plus importants – parmi lesquels Pornhub, RedTube et YouPorn – sont la propriété de MindGeek, une « compagnie de technologie de l’information » dont le siège est basé au Luxembourg. Et c’est MindGeek qui dicte quel genre de pornographie doit devenir et rester populaire. C’est la raison pour laquelle de moins en moins d’idées fantaisistes sont réalisées aujourd’hui, remplacées par une standardisation massive de la production du secteur. La Règle 34 existe-t-elle encore, dans ce cas ? Pour Leonard Delaney, l’auteur d’une nouvelle érotique inspirée de Tetris, la réponse est plus compliquée que ça car il n’existe pas de porno inspiré par la Règle 34 elle-même… Et jusqu’à ce que ce soit le cas, la règle ne peut vraiment être vérifiée. Source : Washington Post Le couple le plus sulfureux des années 1990. ↓