Elle s’appelait Maria Rita Logiudice, elle avait 24 ans. Ses amis ne savaient rien du poids que ce nom, Logiudice, faisait peser sur le cœur de la jeune femme. Étudiante à l’université de Reggio de Calabre, la première ville calabraise, sur la rive continentale du détroit de Messine, Maria Rita célébrait au début du mois d’avril sa remise des diplômes. Mais quelques jours plus tôt, ne pouvant plus garder pour elle son terrible secret, elle a brisé l’omertà et avoué à son petit ami et ses amis qu’elle était la fille d’un chef de la mafia calabraise, l’infâme ‘Ndrangheta. Sa confession n’a pas été libératrice comme elle l’avait espéré : le soir de la célébration, pas un seul de ses amis n’est venu. Ivre de tristesse et de désespoir, elle s’est jetée du balcon de sa maison, sans laisser aucune lettre derrière elle. D’après le journal italien Libero Quotidiano, Maria Rita Logiudice avait passé le plus clair de sa jeune vie d’adulte à fuir l’ombre qui plane sur sa famille depuis des générations. Son père, ses oncles font tous partie d’une des plus puissantes organisations criminelles du monde, « le syndicat du crime le plus puissant en Italie depuis les années 1990 », d’après le quotidien. Moins connue que la Camorra napolitaine, la ‘Ndrangheta n’en est pas moins meurtrière : près de 700 personnes ont trouvé la mort dans sa seconde guerre intestine entre 1985 et 1991. Et ses revenus sont estimés à plusieurs milliards d’euros chaque année par les organisations anti-mafias italiennes. La famille Logiudice n’est pas étrangère à son essor, et le père de Maria Rita, Giovanni, est aujourd’hui en prison. Ses frères Luciano et Nino sont en attente de leur procès. « C’est l’isolement, la marginalisation et l’exclusion qui ont conduit Maria Rita à s’ôter la vie », a déclaré le procureur général de Reggio de Calabre, Federico Cafiero de Raho, lors d’une conférence de presse. « Sa mort devrait peser sur nos consciences à tous. Si une jeune femme a fait l’effort de se bâtir une vie honnête grâce à ses études, qu’elle a décroché son diplôme pour échapper à l’emprise de sa famille mafieuse et que nous sommes incapables de l’intégrer à notre communauté, alors nous avons tous perdus. » Source : Libero Quotidiano