Crédit : Sam Machkovech Les entraînements des espions ne sont pas tous aussi dynamiques que ceux de James Bond. « Il s’agit souvent de leçons et de séminaires organisés par les officiers », souffle l’analyste de la CIA David Clopper. « Les tableaux et briefings qui y sont présentés sont incroyablement ennuyeux. » Alors quand son chef lui demande d’imaginer de nouvelles méthodes, il imagine tout autre chose : des jeux. « Je suis un joueur, j’adore les jeux vidéo et les jeux de société », s’enthousiasme-t-il. En 2008, rapporte Ars Technica, il commence donc à concevoir des plateaux agrémentés de pions et de cartes. Les missions qui sont proposées s’inspirent de situations géopolitiques réelles. Dans le premier, baptisé Collection, un groupe de joueurs doit collaborer pour résoudre trois crises majeures à l’échelle mondiale. Qu’il s’agisse du conflit larvé entre l’Éthiopie et l’Érythrée, de la résurgence des talibans en Afghanistan ou d’une intifada en Palestine, chaque cas doit être pris en compte dans ses dimensions militaire, politique et économique. Le deuxième jeu, Collection Deck, développe l’aptitude à collecter des informations. Ici, les problèmes classiques d’accès aux données doivent être traités en même temps que des dangers inattendus. « Si vous utilisez un satellite aérien pour prendre une photo, un joueur adverse peut très bien vous opposer une carte “défaillance de la station au sol” », précise Copper. Comme ces enjeux sont relativement nouveaux, certains agents ont découvert des solutions en jouant. « Quelques-uns m’ont dit : “David, j’ai appris une chose dont j’ignorais l’existence.” Ou encore : “Je pense que nous pouvons utiliser cela pour venir à bout de vraies difficultés.” » Quant au troisième jeu, son nom est plus éloquent : Kingpin, la traque d’El Chapo. Il propose aux analystes de mettre la main sur un gangster bien armé et très protégé, en lien avec les forces de l’ordre. Deux équipes s’y affrontent car « les fugitifs que nous surveillons nous surveillent en retour », indique l’éducatrice de la CIA Volko Ruhnke. Dans Kingpin, ils peuvent même avoir recours à la chirurgie pour changer de visage. En introduisant le jeu parmi ses méthodes de travail, l’agence de renseignement américaine, elle aussi, opère un lifting. Source : Ars Technica