Au XIXe siècle, les gens de bonne compagnie étaient pour beaucoup des junkies qu’on considérait comme de respectables épicuriens. À l’époque, les bonne manières dictaient une sorte de savoir-vivre en société qui allait de pair avec pas mal de drogues aujourd’hui illégales : opium, cocaïne, héroïne. De nombreuses œuvres des années 1920 (photos, illustrations, peintures) témoignent de l’ambiance très lean qui régnait dans les salons mondains de l’époque. Les personnages qui hantent ces images sont la plupart du temps étendus à même le sol, en partance pour un voyage sensoriel et psychédélique qui les laissait exsangues. D’autres sont allongés sur le flanc, une pipe à opium au bord des lèvres. Des femmes dans une fumerie d’opium à Paris, en 1920. Crédits : Georges Rémond Paris était le point de ralliement de beaucoup d’amateurs d’opium, qui traînaient dans les salons pour se faire voir et passer du bon temps : l’épicurisme façon XIXe. Surnommé « la fée brune », l’opium qui circulait à Paris arrivait directement d’Indochine (Vietnam, Cambodge et Laos). La capitale comptait près de 1 200 fumeries d’opium, dont faisait partie Le Moulin Rouge. On raconte même que son jardin, au milieu duquel trônait une immense tête d’éléphant, était la plus grosse fumerie d’opium de toute la ville. Baudelaire, Picasso et Jean Cocteau comptaient parmi les habitués. Une fumerie d’opium à Saint-Ouen, en 1931 (Brassaï) Un article de presse de 1909 (Brassaï) Une carte postale de Paris, dans les années 1900 Aujourd’hui, et ce depuis bien longtemps, l’opium est interdit et a officiellement disparu de la circulation. Seuls quelques clichés, qui nous paraissent aujourd’hui à la fois surréalistes et poétiques, témoignent de cette époque pour le moins frivole. Crédits : Brassaï Pour aller plus loin >>>>>>>> Berlioz ou la symphonie de l’opium.