Le 27 mai 1959, un mystérieux homme en costume est apparu à l’image du Today Show, une émission de télévision matinale américaine diffusée sur NBC. Après une brève introduction, il a déclaré qu’il s’était donné pour mission « de vêtir les animaux tout nus par souci de décence ». Il disait s’appeler G. Clifford Prout et prétendait être le président de la Société pour l’indécence des animaux tout nus (ou SINA). Ces derniers, affirmait-il, étaient « en train de détruire l’intégrité morale de la nation américaine ». La seule solution était donc de les habiller. Bien sûr, la SINA était une farce et l’auteur de cette farce, Alan Abel, n’en était pas à son premier méfait. Mais en quelques jours seulement, la fausse société a compté plus de 50 000 membres et pendant quatre années, son « leader » a fait les gros titres de la presse américaine avec ses déclarations avant que le magazine TIME ne révèle la supercherie en 1963. Ces cirques médiatiques, comme on les appelle, sont la spécialité d’Alan Abel, qui en a déclenché plus d’une trentaine durant une carrière s’étendant sur plus de 60 ans en tant qu’auteur de canulars médiatiques professionnel. Il a ainsi réussi à convaincre la presse de sa propre mort, et même du fait qu’il avait le plus petit pénis au monde. En 2009, Abel a mis sur pieds une variation de son canular de 1969 à travers une fausse campagne intitulée « Stop Bird Porn », qui prétendait vouloir faire condamner les ornithologues pour voyeurisme. À l’aide d’une complice, Lena Potapova, qui se présentait comme la meneuse du mouvement, l’équipe a manifesté à Denver durant la campagne du président Obama. L’événement a rencontré tant d’engouement de la part des médias que même la reporter du New York Times Maureen Dowd a dû faire la queue pour interviewer Lena. S’ils sont drôles, les canulars d’Alan Abel visent également à mettre en lumière le manque de rigueur et de recul dont font parfois preuve même les plus grands médias américains, qui tiennent un fait pour vrai dès lors qu’il se passe sous leur nez, sans songer à questionner les apparences. Source : Alan Abel Nicolas Prouillac Il a fait encore plus fort à son époque. ↓