L’information génétique de cette patiente pourrait aider les scientifiques à développer des traitements pour les douleurs chroniques. À 71 ans et depuis toujours, Jo Cameron ne ressent presque aucune douleur, ni anxiété, grâce à une mutation génétique sur un gène jusque là inconnu, rapporte le Guardian. « Une fois que nous aurons compris de quelle manière ce gène fonctionne, nous pourrons penser à des thérapies génétiques qui miment les effets observés chez elle », explique James Cox, l’auteur d’une étude publiée ce jeudi 28 mars.
Ce n’est qu’à l’âge de 65 ans que Jo Cameron a compris que l’absence de douleur ou de stress dans sa vie n’était pas tout à fait normale. Fractures, coupures, accouchements, opérations chirurgicales et brûlures, tous vécus sans anti-douleur : l’Écossaise pensait juste être « chanceuse ». C’est lorsque Jo Cameron fait un scanner, pour sa hanche qui ne cesse de se déboîter, que les médecins restent sans voix. Pendant près de quatre ans, elle se plaignait en effet de problèmes de hanche, qui ne la faisaient pas souffrir, mais marcher de travers. En voyant que la patiente ne souffrait d’aucune douleur, les médecins refusaient à chaque fois de lui faire passer des examens. Jusqu’à ce fameux scanner, qui a finalement révélé une détérioration massive de son articulation.
Une opération et deux comprimés de paracétamol plus tard, les docteurs remarquent que Jo Cameron souffre aussi d’arthrose dans les deux mains. Elle subit alors une double opération des mains, de nouveau sans souffrir, alors que son chirurgien qualifie l’intervention de « très douloureuse ». Devjit Srivastava, un consultant qui supervise ses soins à l’hôpital Raigmore d’Inverness, décide alors de l’envoyer vers des spécialistes de la douleur, de l’UCL de Londres.
C’est après des recherches poussées que les chercheurs ont trouvé deux mutations majeures dans l’ADN de Jo Cameron. Ensemble, elles suppriment la douleur et l’anxiété, tout en stimulant son bonheur, sa cicatrisation, mais aussi des pertes de mémoire. « J’étais amusée lorsque j’ai appris. C’est vrai que j’oublie toujours les choses. Je n’ai pas ce système d’alarmes que tout le monde possède », explique la patiente. Elle espère aujourd’hui pouvoir aider les millions de personnes souffrant de douleurs chroniques à « se passer d’analgésiques synthétiques, au profit de moyens plus naturels ».
Sources : The Guardian