Après deux ans d’expérimentation, l’heure est à présent aux résultats. Entre 2017 et 2018, une expérience sans précédent sur le revenu de base a eu lieu en Finlande, tentant d’en appréhender les enjeux. D’après les résultats préliminaires publiés par le Ministère des Affaires social et de la Santé le 8 février, le revenu universel a amélioré le bien-être des bénéficiaires, mais n’a eu aucun effet positif sur le taux de chômage. Les travailleurs, en revanche, reconnaissent ses effets positifs.
Le gouvernement finlandais voulait voir si les demandeurs d’emploi se sentaient plus encouragés à chercher un travail s’ils touchaient un revenu universel de base. 2 000 Finlandais chômeurs choisis au hasard ont ainsi reçu 560 euros pendant deux ans. Parallèlement, évoluait un groupe témoin ne touchant aucun revenu de l’État. Le projet s’est achevé en décembre 2018.
Les résultats révèlent des différences entre les deux groupes. « Les membres du groupe test ont eu beaucoup moins de problèmes liés à la santé, au stress et à la capacité de concentration que ceux du groupe témoin », peut-on lire dans le rapport. Et ils « étaient également beaucoup plus confiants en leur propre avenir et en leur capacité à influencer les questions de société. » Mais l’impact sur l’emploi que le gouvernement voulait tester est resté faible. Pour Ohto Kanniainen, économiste en chef de l’essai, ce n’est pas une surprise car beaucoup de participants « avaient peu de compétences ou étaient confrontées à des situations de vie difficiles ou à des problèmes de santé », rapporte le New York Times.
Ce projet pilote ne prévoyait aucune récupération fiscale une fois que les participants étaient lancés dans la vie active et avaient atteint un niveau plus élevé de revenu. En cela, les chercheurs reconnaissent les failles du test. Mais le bilan abonde en histoires et en commentaires positifs sur l’expérience. À Reuters, le journaliste et auteur de 45 ans Tuomas Muraja explique avoir pu enfin se concentrer sur l’écriture. « Si les gens reçoivent de l’argent librement, cela les rend créatifs, productifs », explique-t-il. « Si vous vous sentez libre, vous vous sentez plus en sécurité et vous pouvez alors faire ce que vous voulez. C’est mon évaluation. »
Malgré les multiples témoignages positifs à l’issue de l’expérimentation, le gouvernement libéral-conservateur de Sauli Niinistö au pouvoir choisit d’y mettre définitivement un terme, en l’absence d’effets substantiels sur les chiffres du chômage.
Sources : Ministère des Affaires sociales finlandais/The New York Times