Le commandant Cousteau était persuadé que la vie sous-marine, sur le long terme, était possible pour les hommes. Dans les années 1960, cette conviction est devenue pour l’océanographe une véritable obsession, dont il a voulu prouver la véracité à ses confrères comme aux novices en matière d’océanographie. Plus largement, à tout le monde.
Entre 1962 et 1965, sur plusieurs sites sous-marins, il a mené une série de projets appelés les Pré-continents. Pré-continent I a été construit au large de Marseille. Il avait pour but de former la première habitation sous-marine et de conduire des recherches sur le pétrole, puisque les projets de Cousteau étaient financés par des industriels du secteur. Il s’agissait d’un simple cylindre de métal de 5 mètres de long, planté à 11 mètres de profondeur, dans lequel deux océanographes se sont installés pour mener des recherches : Albert Falco et Claude Wesly.
Le container sous-marin était alimenté en nourriture et eau chaude par des tuyaux qui descendaient depuis la surface. Il était également équipé d’un chauffage, d’une radio, de trois téléphones, d’un système de vidéo-surveillance, d’une bibliothèque, d’une télévision et d’un lit. Cosy pour un container.
Pré-continent II a vu le jour un an plus tard, dans les récifs au large du Soudan. C’était une version évoluée de la première capsule élaborée par Cousteau et son équipe. Installée à 27 mètres de profondeur, la capsule en elle-même était plus petite mais elle était équipée entre autres d’un mini sous-marin bi-place, d’une remise pour entreposer des bouteilles d’oxygène et d’un sas qui permettait aux océanographes de sortir. Le but était de collecter poissons et coraux, destinés à être exposés au Musée Océanographique de Monaco.
De nouveaux pensionnaires ont pris place dans Pré-continent II : la femme de Cousteau ainsi qu’un perroquet nommé Claude, qui était censé alerter ses colocataires en cas de dégradation de l’air à l’intérieur de la capsule. Enfin, le projet Pré-continent III était censé démarrer en Septembre 1965. Une série de mésaventures climatiques l’ont retardé. La capsule, installée cette fois à plus de 100 mètres de profondeur, n’a servi que durant 22 jours, jusqu’à ce que Cousteau réalise qu’il ne souhaitait plus travailler pour des compagnies pétrolières. C’est à ce moment-là que le commandant Cousteau que nous connaissons a commencé à explorer les océans et à œuvrer pour leur protection.
Aujourd’hui, au large du Soudan, des vestiges sous-marins de Pré-continent II sont toujours visibles et constituent un lieu de visite très prisé des passionnés de plongée et des disciples du commandant. Les cages à poissons et le hangar sont recouverts d’algues et de coraux mais on remarque toujours distinctement la forme de la capsule, ancrée dans le sol par trois grands pieds métalliques.
Crédits : Fondation Cousteau
Entretien avec l’architecte du SeaOrbiter, Jacques Rougerie. ↓