La vie sur Terre n’est sûrement pas apparue en un éclair, mais des milliards d’entre eux pourraient avoir provoqué son apparition. D’après la nouvelle étude d’un trio de scientifiques anglais et américain, des milliards de coups de foudre sur un milliard d’années après la formation de la Terre auraient aidé à débloquer des composés phosphorés cruciaux à la vie, rapportait Reuters le 16 mars.

L’histoire de la vie tourne autour du phosphore – ou plutôt des matières organiques que les atomes de phosphore peuvent fabriquer lorsqu’ils sont combinés avec d’autres éléments bio-essentiels. Les phosphates, par exemple, sont des ions composés de trois atomes d’oxygène et d’un atome de phosphore, et sont essentiels à toutes les formes de vie connues. Ces phosphates forment le squelette de l’ADN, de l’ARN et de l’ATP (la principale source d’énergie pour les cellules) et sont des composants majeurs des os, des dents et des membranes cellulaires.

Pourtant, il y a quatre millions d’années, la majeure partie du phosphore naturel de la planète était liée à des roches insolubles et impossibles à combiner en phosphates organiques. C’est aussi à cette période que les chutes de météorites ont fortement diminué. Mais il a bien nécessité une action externe pour permettre au phosphore d’être débloqué. Dans la nouvelle étude, Benjamin Hess et ses collègues ont donc examiné un bloc de roche frappé par la foudre, appelé fulgurite, qui avait déjà été excavé sur un site de l’Illinois. L’équipe a alors découvert que de petites boules de schreibersite, du phosphure de fer, s’étaient formées dans la roche.

Crédits : Benjamin Hess

« Dans notre étude, nous montrons pour la première fois que les coups de foudre étaient probablement une source importante de phosphore réactif sur Terre à l’époque où la vie s’est formée », explique l’auteur principal de l’étude, Benjamin Hess, du Département des sciences de la Terre et des Planètes de l’université de Yale. « Les coups de foudre peuvent donc avoir joué un rôle en fournissant du phosphore pour l’émergence de la vie sur Terre. »

Sur un milliard d’années, jusqu’à un trillion (un 1 suivi de 18 zéros) de coups de foudre peuvent avoir frappé notre jeune planète, chacun libérant un peu de phosphore utilisable. L’équipe a même calculé qu’il y a entre 4,5 milliards et 3,5 milliards d’années, ils auraient pu à eux seuls donner de 110 à 11 000 kilos de phosphore par an à la Terre. La fourchette reste malgré tout très vaste, avec beaucoup d’incertitude sur les conditions de la Terre primitive. Mais les chercheur.euse.s ont déclaré que même la plus faible quantité de phosphore aurait pu faire une différence pour l’émergence de la vie.

Source : Reuters