Après deux décennies de fouilles parmi les ruines de la tentaculaire Villa Adriana, l’archéologue Rafael Hidalgo Prieto pensait avoir tout vu. Pourtant, son équipe et lui ont découvert une salle de petit-déjeuner impérial qui ne ressemble à rien d’autre au monde, rapportait le Times le 9 février.
Le palais, vieux de 1 900 ans, appartenait autrefois à l’empereur romain Hadrien. Il comportait un complexe royal de quatre chambres disposées autour d’un bassin semi-circulaire, avec une salle à manger privée suspendue au-dessus d’une piscine d’eau courante. Les plafonds voûtés donnaient sur un triclinium en marbre, c’est-à-dire une somptueuse salle à manger romaine où les aristocrates savouraient des plats et des boissons coûteux tout en étant allongés sur des canapés en U.
La zone était accessible par des ponts en bois rétractables et flanquée d’un mur qui comportait de petites cascades et une fontaine encastrée. La pièce était ouverte d’un côté et donnait sur une cour de jardins ornementaux.
C’est ici, d’après les archéologues, que l’empereur et sa femme, Vibia Sabina, déjeunaient dans une somptueuse démonstration de puissance. La plateforme surélevée était positionnée de façon à projeter leurs silhouettes à travers une paire de fenêtres pour que les membres de la cour puissent les voir. « La villa était une machine qui servait à représenter la divinité de l’empereur… Cela devait être un spectacle quasi-théâtral », s’émeut Andrea Bruciati, directeur du site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Construit à 32 km à l’est de Rome, dans l’actuelle Tivoli, entre 118 et 138 ap. J.-C., le complexe de 300 acres était autrefois l’un des plus incroyables palais du monde. La seule chose comme celle-ci, écrit Mary Beard, célèbre érudite de la Rome antique, était la somptueuse « maison dorée » de l’empereur Néron, qui comportait 300 pièces au centre de la capitale italienne. Mais contrairement à ce dernier, écrit la spécialiste, « Hadrien s’est échappé avec cette extravagance architecturale exagérée parce qu’elle était hors de la ville et hors de vue ».
Encore aujourd’hui, Hadrien est considéré comme l’un des « cinq bons empereurs » de l’âge d’or romain. C’est sûrement parce qu’il prenait des bons petits déjs.
Source : The Time