Un groupe de défenseurs d’un approvisionnement en drogues « sûres » ont distribué de l’héroïne, de la cocaïne et de la méthamphétamine gratuitement devant un commissariat de Vancouver, au Canada, mercredi après-midi. La police n’a arrêté personne, rapportait Vancouver Is Awesome ce 15 juillet.
Avec cette action, les activistes canadiens entendaient protester contre le modèle de dépénalisation proposé dans la ville de Colombie-Britannique. Les membres du Drug User Liberation Front (DULF) et du Vancouver Area Network of Drug Users (VANDU) dénoncent « l’influence disproportionnée du service de police de Vancouver, des seuils de drogue déraisonnablement bas et l’absence de dispositions pour un approvisionnement sûr ». De leur point de vue, la décriminalisation des drogues doit aller de pair avec le fait d’approvisionner les toxicomanes avec des produits non-coupés.
Parmi les activistes se trouvait aussi la conseillère municipale Jean Swanson, qui avait annoncé l’action sur Twitter. Les fonds servant à l’achat des drogues avaient été collectés avant l’opération grâce à une campagne de crowdfunding. Le groupe a dépensé environ 2 500 euros en drogues et les a répartis entre quatre groupes. Chacun d’eux a reçu 10,5 grammes de drogue au total. Avant leur distribution, les drogues ont été testées et sont exemptes d’additifs dangereux.
I got to hand out safe drugs today with VANDU And DULF. 6 deaths a day from poison drugs is way too many. 1 is too many. Safe supply now !! pic.twitter.com/YokjBLBHC4
— Jean Swanson (@JeanSwanson_) July 14, 2021
Jeremy Kalicum, membre du DULF, estime que « la crise est insupportable ; c’est ridicule de devoir se mettre en danger pour faire avancer un principe de réduction des risques qui relève du bon sens. Nous avons distribué plus que le seuil limite proposé dans le modèle de Vancouver. » La police n’a arrêté personne, ce que le VPD (Vancouver Police Department) a justifié par le fait qu’il ne procède généralement pas à des arrestations pour simple possession et respecte le droit de chacun à manifester.
Le groupe souligne que le modèle proposé risque de marginaliser des personnes qui consomment des drogues, en particulier celles qui se trouvent déjà dans des situations précaires, comme les sans-abri, les personnes handicapées ou les membres de la communauté LGBTQ+.
Les chiffres au Canada sont alarmants : au cours des 25 dernières années, plus de 12 632 Canadiens sont morts d’une overdose. Depuis la déclaration d’urgence de 2016, 7 000 personnes sont décédées. Cette année, entre janvier et mai, 851 personnes sont mortes à cause des drogues illégales – le plus grand nombre jamais signalé au cours des cinq premiers mois d’une année.
Source : Vancouver Is Awesome