Cette guillotine anti-moustiques peut décapiter jusqu’à 30 insectes à la fois. Derrière cette méthode d’un autre siècle se trouve le premier pas vers un modèle entièrement automatisé qui pourrait permettre à l’entreprise de biotechnologie Sanaria de produire enfin un vaccin efficace contre le paludisme, rapporte le magazine Wired en ce 4 avril.
Malgré des décennies de travail, aucun vaccin antipaludique n’est encore largement disponible. Actuellement, le prometteur RTS, S fait l’objet d’essais au Ghana, au Kenya et au Malawi. Il a été démontré que le RTS, S réduit le paludisme clinique chez les enfants, ce qui n’a pas encore été démontré chez PfSPZ, le vaccin actuellement développé par Sanaria.
À la différence du RTS, S, qui n’utilise qu’une seule protéine parasitaire, le PfSPZ utilise des parasites entiers. Les techniciens n’ont donc pas d’autre choix que de disséquer chaque moustique à la main. « Un par un, nous saisissons chaque moustique par son abdomen, puis nous coupons la tête du corps et écartons les glandes [salivaires, qui contiennent le parasite causant le paludisme] », explique Sumana Chakravarty, directrice générale de l’extraction de vaccins, de l’immunologie et des systèmes modèles de Sanaria. « Ce processus […] garantit simplement que la glande et le matériel environnant immédiat sortent du moustique, là où résident les parasites, mais rien d’autre. »
Sachant qu’il faut un moustique pour fabriquer une dose du vaccin PfSPZ, les techniciens ont intérêt à être rapides. Vu l’ampleur du travail, avec le concours de l’université Johns Hopkins, ils ont conçu une guillotine anti-moustique pour accélérer le processus.
En 2017, le nombre de cas de paludisme était estimé à 219 millions par l’Organisation Mondiale de la Santé. Selon un rapport de l’organisation publié en novembre 2018, « les données concernant la période 2015-2017 ne révèlent aucun progrès significatif vers une diminution du nombre de cas de paludisme dans le monde. » L’OMS conclut tristement que les objectifs pour « réduire les cas et les décès dus au paludisme d’au moins 40 % d’ici à 2020 ne seront pas atteints ». C’est sans compter, on l’espère, sur les vaccins RTS, S et PfSPZ en préparation.
Source : Wired