Dans les rangs de l’État islamique, il se faisait appeler Abou Taha. C’était son nom de guerre. Ce chef de bataillon a tué des dizaines de combattants et de civils innocents avant d’être fait prisonnier par l’armée irakienne. Entre les quatre murs décrépis de sa cellule, à quoi pense Malik Khamis Habib maintenant qu’il n’est plus Abou Taha ? C’est ce qu’a cherché à savoir Kimberly Dozier, reporter du Daily Beast et de CNN, lorsqu’elle a rencontré le détenu à Bagdad début décembre. Voici un extrait de leur échange : « Quel est ton vrai nom ? Malik Khamis Habib, a-t-il répondu à voix basse et sans défiance. (…) Pourquoi as-tu rejoint l’EI ? ai-je demandé. “Un voisin est venu me voir. Il a expliqué qu’il fallait que nous changions les choses, que les chiites faisaient du mal aux sunnites.” As-tu personnellement connu des sunnites auxquels des musulmans chiites avaient fait du mal ? “Non. Juste des rumeurs”, a-t-il admis. Combien de personnes as-tu tué ? ai-je demandé. 40, peut-être 50, a-t-il répondu. Des dizaines et des dizaines, ont corrigé les experts de l’antiterrorisme. (…) “Que voulez-vous que je vous dise ?” a demandé le prisonnier. “Je me suis détruit moi-même. J’ai détruit ma famille.” Pourquoi les autres les rejoignent ? “Certains veulent combattre le gouvernement. Certains veulent de l’argent”, a-t-il répondu. (…) Comment te sens-tu vis-à-vis de ce que tu as fait ? “J’ai donné toutes les informations que j’avais aux autorités, mais je me sens toujours coupable.” » Un gradé de l’armée irakienne a assuré à Kimberly Dozier que le détenu ne sortirait jamais de sa cellule sinon pour être exécuté. C’est une des dizaines de sentences de mort qui ont été prononcées contre des combattants de Daech par le gouvernement irakien, mais le gradé ajoute que pour l’heure, elles n’ont pas été mises à exécution. Source : The Daily Beast