Les restes d’un.e guerrier.ère découverts en 1968 dans le sud de la Finlande ont fait l’objet d’une nouvelle analyse, qui conclut que l’individu reposant dans la tombe, entouré de ses armes et de ses bijoux, pourrait avoir été non-binaire, rapportait Phys.org le 29 juillet. L’étude troublante des chercheurs.euses finlandais.es remet en question ce qu’on croyait savoir des rôles attribués aux sexes dans les communautés de la Finlande médiévale.
En 1968, dans le village de Suontaka Vesitorninmäki, au sud de la Finlande, la tombe de ce qu’on croyait être un guerrier du XIe siècle a été découverte. À la surprise des scientifiques, en dépit de l’épée massive qui reposait à ses côtés, attribut jusqu’ici réservé aux hommes, le défunt portait une robe ainsi que des parures féminines. Interloqués, les archéologues ont donc conclu qu’il s’agissait en réalité d’une femme, puisqu’elle avait été enterrée avec trois broches et des vêtements typiques symbolisant un pouvoir féminin. Mais comment expliquer la présence de cette épée d’homme ?
Un demi-siècle plus tard, des chercheurs.euses de l’université de Turku ont procédé à une analyse de l’ADN ancien (ADNa) pour déduire le sexe chromosomique de l’individu. Il s’est avéré que la personne enterrée était atteinte d’une aneuploïdie XXY du chromosome sexuel, également connue sous le nom de syndrome de Klinefelter. Cela a entraîné chez l’individu l’apparition de caractéristiques féminines telles qu’une diminution de la masse musculaire ou une croissance mammaire. Notre guerrier.ère était donc intersexe.
Au vu du soin qui a été accordé à sa sépulture, et à la présence d’attributs masculins et féminins dans sa tombe, les scientifiques ont conclu qu’aux yeux de cette société finlandaise du XIe siècle, son intersexualité était entièrement acceptée. En témoigne le profond respect avec lequel iel avait été enterré.e, indice que sa communauté en avait une perception non-binaire. « L’individu enterré était vraisemblablement un membre très respecté de sa communauté. Il a été déposé dans la tombe sur une couverture de plumes douces avec des fourrures et des objets de valeur », explique Ulla Moilanen, archéologue de l’université finlandaise de Turku. Ce qui signifie que plutôt que d’avoir été mis au ban de sa communauté pour sa différence, la non-binarité du guerrier était célébrée.
Source : Phys.org, Cambridge University Press