Au plus profond des forêts tropicales de la péninsule de Yucatán, des chercheurs ont découvert un ensemble de mangroves rouges : un écosystème très ancien figé dans le temps depuis 125 000 ans, relatait Nature World News le 6 octobre. Cette découverte pourrait nous en apprendre plus sur l’évolution du niveau de la mer au cours de la dernière période interglaciaire.
Les mangroves rouges sont normalement connues pour s’épanouir dans les eaux salées. Cependant, la récente découverte a été établie profondément à l’intérieur des terres, en eau douce, complètement isolée de l’océan, le bord de mer le plus proche se trouvant à 170 kilomètres. Plus étonnant encore, le coauteur de l’étude, Octavio Aburto-Oropeza, écologiste marin à la Scripps Institution of Oceanography de l’université de San Diego, a été étonné par la façon dont l’écosystème de mangrove a été « piégé dans le temps » pendant plus de cent millénaires.
Des recherches génétiques, géologiques et botaniques ont récemment confirmé ce que de nombreux scientifiques soupçonnaient : il s’agissait autrefois d’un écosystème de mangroves d’eau salée, abandonné lorsque les océans se sont retirés au cours de la dernière période glaciaire. Ce que nous pouvons observer est la relique d’eau douce d’un écosystème lagunaire côtier vieux de 125 000 ans. « Cette découverte est extraordinaire », déclare Felipe Zapata, biologiste de l’université de Californie à Los Angeles. « Non seulement les mangroves rouges sont ici avec leurs origines imprimées dans leur ADN, mais tout l’écosystème lagunaire côtier du dernier interglaciaire a trouvé refuge ici. »
Plusieurs autres études réalisées le long de la côte caribéenne ont détecté d’autres « écosystèmes lagunaires fossiles » séparés de la mer. Mais aucun d’entre eux ne se trouve aussi loin de la côte et n’est resté aussi longtemps intact. « Il y a certainement encore beaucoup à découvrir sur la façon dont les nombreuses espèces de cet écosystème se sont adaptées aux différentes conditions environnementales au cours des 100 000 dernières années. L’étude de ces adaptations passées sera très importante pour nous permettre de mieux comprendre les conditions futures dans un climat changeant », conclut Octavio Aburto-Oropeza.
Sources : Nature World News/UC SanDiego