Canton, vers 1800 À l’aube du XIXe siècle, une ancienne prostituée d’un bordel flottant de Canton fut mariée à Cheng I, un pirate qui opérait au sud de la mer de Chine. Nous la connaissons sous le nom de Ching Shih, et si son nom signifie simplement « la veuve de Cheng », son héritage dépassa de loin le souvenir que laissa son mari. À sa mort, elle lui succéda et prit le commandement d’une flotte de plus de 1 800 bateaux pirates et d’environ 80 000 hommes. En comparaison, le légendaire Barbe Noire ne possédait que quatre bateaux et 300 hommes… De ce fait, Ching Shih est tenue pour être l’un des pirates les plus glorieux de tous les temps. Cheng I aurait épousé Ching Shih pour ses talents de femme d’affaires. On raconte même qu’à leur mariage en 1801, Shih exigea avant de prendre Cheng pour mari de pouvoir commander la flotte de jonques et les pirates à part égale. Après six ans de mariage, Cheng mourut – la raison de sa mort, en revanche, reste un mystère. Certains prétendent qu’il fut emporté par un tsunami en mer, quand d’autres qu’il fut assassiné au Vietnam. Un employé de la Compagnie des Indes orientales du nom de Richard Glasspoole fut capturé par les pirates de Ching Shih en septembre 1809, et retenu jusqu’en décembre de cette année-là. Dans le récit de son calvaire, il estime qu’il y avait environ 80 000 pirates sous les ordres de Ching Shih, un millier de larges jonques, et 800 plus petites ainsi que des chaloupes. Des jonques comme celles que commandait Ching Shih Ching Shih réussit à tenir ses hommes grâce à un code de loi particulièrement sévère, qui stipulait notamment que tout homme désobéissant aux ordres d’un supérieur serait décapité sur le champ. En dépit des efforts de la dynastie Qing et de la marine portugaise, la flotte de Ching Shih resta invaincue, et après trois années passées à régner sur les mers, Ching Shih accepta l’amnistie du gouvernement chinois et prit sa retraite en 1810. Ching Shih mourut en 1844, à l’âge avancé de 69 ans. Son souvenir a même imprégné la culture populaire, et elle a même inspiré un des personnages de la saga Pirates des Caraïbes : Dame Ching, l’une des neufs Seigneurs des Pirates. Source : Pirates of the South China Coast, Dian H. Murray. Une course de clippers au XIXe siècle en revenant de Chine. ↓