La pochette de How Sad, How Lovely, sorti en 2009. Crédits : Squirrel Thing Recordings. C’est une histoire à faire rêver Hollywood, à la croisée d’Inside Llewyn Davis et Searching for Sugar Man. Connie Converse, Elisabeth Eaton Converse de son vrai nom, connait le succès depuis 2009 et la sortie d’un album de musique folk, How Sad, How Lovely. Un hit sur Spotify, des reprises de fans publiées sur Youtube… Connie Converse a tout d’une star de 2016. Seul problème, cette chanteuse à la voix haut perchée est portée disparue depuis 1974. Connie est née en 1924 à Laconia, une petite ville du New Hampshire. Fille d’un pasteur baptiste, cette élève brillante connaît une éducation stricte. Après deux ans passés à l’université, elle décide de tout arrêter pour s’installer à New York, espérant ainsi faire carrière dans la chanson. Connie trouve alors un petit boulot dans une imprimerie. Pendant son temps libre, elle compose des chansons qu’elle interprète elle même à la guitare. Elle n’était pas la seule dans cette situation, tant le New York des années 1950 regorgeait de jeunes talents venus percer dans la musique. Mais Connie avait quelque chose que les autres n’avaient pas. À une époque où la folk music mettait en avant des sujets comme la politique ou l’environnement, Connie écrivait et interprétait des chansons intimistes et poétiques. Peut-être trop en avance sur son temps, finalement. De nombreux artistes, rencontrés à New York, ont été fascinés par le talent de Connie et l’encourageaient à jouer pendant des soirées. C’est par l’une d’entre elles, en 1954, que Gene Deitch, un animateur, réalisateur et producteur amateur, rencontre cette jeune femme à l’apparence coincée. Quand elle s’est mise à chanter, il s’est senti transporté, comme hypnotisé. Il a alors décidé de l’enregistrer dans sa cuisine avec les moyens du bord. Lors de ses années new-yorkaises, Connie a même fait une apparition sur CBS, mais cela ne l’a pas aidée à ouvrir les portes des salles de concerts ou des maisons de disques. Connie Converse, jouant de la guitare dans sa cuisine. En 1961, elle décide de quitter New York pour se rapprocher de sa famille. Connie s’installe à Ann Arbor, dans le Michigan. Elle y trouve un « vrai » boulot, d’abord comme secrétaire, puis finalement comme rédactrice en chef du Journal of Conflict Resolution, un canard local. Malgré sa réussite professionnelle, Connie tombe en dépression. C’est en 1974, épuisée, qu’elle décide une nouvelle fois de changer d’air. Mais cette fois, après avoir rassemblé ses affaires et attrapé sa guitare, Connie disparaît. Elle laissera une lettre à chacun de ses proches, amis et famille, expliquant un besoin vital de changer de vie. Ils n’auront plus jamais de nouvelles d’elle. Les chansons folk de Connie Converse auraient pu disparaître définitivement avec elle, mais un événement inattendu s’est produit en 2004. Gene Deitch vit à Prague depuis 1959. Il a eu une belle carrière d’animateur, a travaillé sur Tom & Jerry ou encore Popeye, et il a même enregistré quelques morceaux avec un certain John Lee Hooker. En 2004, lors d’un voyage à New York, il est invité par David Garland pour l’émission Spinning on Air sur NPR. L’animateur leur demande, à son fils et lui, de passer à l’antenne une sélection de leurs chansons favorites. C’est l’occasion rêvée de diffuser 50 ans après un des enregistrements faits dans la cuisine avec Connie. Il ne se doute pas qu’un auditeur va se retrouver dans le même état que lui un demi-siècle auparavant. Daniel Dzula est dans sa voiture lorsqu’il entend pour la première fois « One by One ». Ensorcelé par l’univers musical et l’histoire de Connie Converse, il se dépêche de rentrer chez lui afin d’enregistrer le podcast de l’émission et conserver ainsi le précieux morceau. Après trois ans de recherches infructueuses, Daniel et son partenaire, David Herman, entrent en contact avec Gene Deitch. La rencontre tant attendue entre les trois uniques fans de Connie Converse sera une franche réussite. L’album How Sad, How Lovely (compilation de 15 morceaux remastérisés) sort en 2009 et connaît même une réédition vinyle en 2016. Gene, Daniel et David ont depuis été rejoint par une communauté de fans qui ne cesse de s’agrandir. Des reprises sont postées sur YouTube, Facebook ou Spotify, et Connie Converse connaît enfin le succès. Est-elle seulement au courant ? Source : Priceonomics L’histoire du petit instrument est plus rocambolesque qu’on ne le pense. ↓