Cruzada nacional contra el hambre C‘était en octobre 2005. Quatre boites bourrées de 37 000 billets de 20 dollars ont été retrouvées à l’arrière d’un Ford Ecosport noir garé sur un parking de Mexico : plus de 30 kilos de billets de banque d’une valeur totale de 740 040 dollars. Mais ce n’était probablement qu’une des nombreuses transactions à un million de dollars que le conducteur du véhicule avait menées à bien pour blanchir l’argent du cartel de Juárez. Le conducteur, Rodolfo David Dávila Córdova, a avoué au procureur général de Mexico que l’argent appartenait au cartel et qu’il blanchissait l’argent en effectuant des transferts électroniques dans différentes parties du pays via ses bureaux de change. Dávila Córdova servait d’intermédiaire au cartel pour traiter avec les trafiquants de drogue colombiens, et il était également responsable des transactions financières et commerciales de l’organisation criminelle. Mis aux arrêts par les autorités, Dávila Córdova a été incarcéré dans la prison d’Altiplano, après avoir été reconnu coupable d’avoir utilisé de l’argent sale pour effectuer des opérations financières. Rodolfo David Dávila Córdova était surnommé « Le Consul » au sein du cartel de Juárez, car cet intermédiaire avait des contacts au sein des autorités fédérales. Entre 1988 et 1990, il avait occupé le poste de directeur-adjoint des échanges intérieurs à la Banque du Mexique. Il a été recruté par le cartel afin de pouvoir blanchir leur argent à travers le centre d’échanges Envíos del Ahorro, duquel il détenait 32 % des parts. Huit ans après avoir été incarcéré et trois ans après sa libération, Dávila Córdova est devenu contractant pour la Cruzada nacional contra el hambre, la Croisade nationale contre la faim, un programme fédéral destiné à réduire la faim et la pauvreté au Mexique. En octobre et décembre 2013, deux entreprises dont Dávila Córdova est soit associé, soit le représentant légal, ont reçu plus de 396 millions de pesos (26,5 millions d’euros) en deux versements de la part du programme. Ces sociétés avaient pour nom Grupo Comercializador Cónclave SA de CV et Prodasa SA de CV. La majeure partie de ces fonds a plus tard été transférée à un réseaux d’entreprises affiliées aux deux compagnies lors de fausses opérations. Cónclave et Prodasa elles-mêmes se sont avérées être des sociétés-écrans dont les services proposés ne se sont jamais matérialisés. Une enquête s’est alors ouverte pour mettre la main sur Dávila Córdova, mais il est resté introuvable depuis… Au cours de leur enquête sur l’employé du cartel, les autorités ont découvert un fait plus scandaleux encore : la société de Dávila Córdova, Grupo Comercializador Cónclave, est impliquée dans le marché ultra-lucratif du football européen. En effet, les rapports remis par le FC Porto indiquent que Cónclave a servi d’intermédiaire pour des achats de joueurs. Entre juillet et décembre 2012, Cónclave aurait ainsi participé à l’intégration au club du joueur mexicain Diego Reyes, ainsi que des Colombiens Jackson Martinez et Hector Quiñones. Une partie de l’argent, qui s’élevait à près de 30 millions d’euros pour les trois transferts, a ainsi fini dans les caisses d’entreprises au service du cartel de Juárez. Source : Artistegui Noticias/International Center for Journalists On l’appelait La Barbie. ↓